Portrait n Iguerbouchene a su créer un style musical de haute facture en faisant confronter musique orientale et occidentale avec les œuvres «Rapsodie Kabylia et Arabic rapsodie», qu'il dirigera sur les scènes de plusieurs capitales et villes du monde. Mohamed Iguerbouchene ? La question pour tester la place de l'homme dans le monde artistique reste sans réponse chez nombre de personnes et pour cause : c'est un musicien de renom bien mal connu par les Algériens, nonobstant ceux de la famille artistique, du monde musical et depuis quelques années d'universitaires. Iguerbouchene a été parmi les hommes qui ont eu un destin hors du commun et ont porté l'identité algérienne et son arabité bien loin des rives algériennes. Au début des années 1920, il fait une rencontre mémorable avec un certain Fraser Ross. Un écossais d'origine noble qui est conquis par les aptitudes musicales de l'adolescent. Le jeune Mohamed né en 1907, dans la commune d'Aghribs, wilaya de Tizi Ouzou, dont les parents viennent habiter La Casbah d'Alger est alors inscrit à des cours de solfège en même temps à l'école Sarouy tristement célèbre pour avoir été convertie en lieu de tortures pendant la guerre de Libération nationale. Cet enseignement de la musique va faire éclore un don et changer le cours de sa vie pour le propulser sur les scènes internationales. Dans un premier temps, ce sera le Royal Northern College of Music. Puis suivra la Royal Academy of Music où il perfectionnera ses études musicales. La Grande- Bretagne, l'Autriche, l'Italie, l'Allemagne seront entre autres les pays où il démontrera son talent de musicien et musicologue. Son répertoire, selon un chercheur algérien, fait dialoguer les mélodies musicales où il agençait musique algérienne et musique du terroir. Iguerbouchene a su créer un style musical de haute facture en faisant confronter musique orientale et occidentale avec les œuvres Rapsodie Kabylia et Arabic rapsodie», qu'il dirigera sur les scènes de plusieurs capitales et villes du monde. C'est ainsi qu'en 1925, à 18 ans à peine, il dirigera son premier concert à l'opéra de Bregenz en Autriche. Précurseur du métissage musical, la chanson algérienne lui doit le genre «rumba», musique spécifique à Cuba, adoptée par notamment Cheikh el Hasnaoui, Mezani et Salim Lahlali dans les années 40. D'autres similitudes apparaissent dans ses œuvres du fait de ses nombreux voyages. Cependant, il va prendre du recul par rapport à la musique symphonique en se dirigeant vers les musiques de film avec Terre idéale et l'éternel Pépé le Moko. Ce long métrage avec l'acteur Jean Gabin amorcera la carrière de Mohand Iguerbouchene en tant que compositeur pour le cinéma. A noter que Mohamed Iguerbouchene sera admis en 1934 en tant qu'auteur compositeur à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). Une vie musicale bien remplie, riche et fructueuse, Iguerbouchene s'éteint en 1966 à Alger. Il faut souligner que les pays européens où il a séjourné ou approfondi ses études ont toujours transcrit son nom Igor Buschen ; tant le patronyme Iguerbouchene (le champ du chacal) leur était étranger. Leila N.