Sonnette d'alarme n Des dizaines de milliers de personnes sont coincées devant les barbelés des pays voisins de la Grèce. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a en effet affirmé, hier mardi, que la Grèce est au bord d'une crise humanitaire que les pays d'Europe ont eux-mêmes «contribué à créer», en raison de leur manque de coopération et de leurs pratiques contraires au droit international. L'accumulation rapide de réfugiés et migrants en Grèce alors que le pays traverse déjà de nombreuses difficultés, «le refus des pays européens de coopérer entre eux en dépit d'accords déjà signés dans un certain nombre de domaines et l'imposition de nouvelles restrictions aux frontières le long de la route des Balkans sont autant de pratiques incohérentes, sources de souffrances inutiles et contraires aussi bien aux lois européennes qu'au droit international», a déclaré un porte-parole du HCR, Adrian Edwards, lors d'un point de presse à Genève. La nuit du lundi 29 février, a indiqué M. Edwards, le nombre de réfugiés et migrants en Grèce a atteint les 24 000 personnes. Environ 8 500 d'entre elles se trouvaient à Eidomeni, près de la frontière avec la Macédoine, a-t-il ajouté, et au moins 1 500 personnes avaient passé la nuit précédente à la belle étoile. «Les conditions de surpeuplement conduisent à des pénuries de nourriture, d'abris, d'eau et d'assainissement. Les tensions montent, ce qui alimente la violence et fait le jeu des passeurs», a déploré le porte-parole du HCR. Les autorités grecques ont répondu à cette situation en établissant deux camps près d'Eidomeni, capables d'abriter au total 12 500 personnes, ainsi qu'un troisième site à proximité, actuellement en cours de construction, a indiqué M. Edwards, ajoutant que le HCR fournit une aide importante aux autorités grecques. Globalement, le flux des arrivées de migrants et réfugiés en Grèce par la mer Méditerranée, depuis les côtes turques, a diminué durant l'hiver, a indiqué le porte-parole, tout en soulignant qu'il reste relativement important. Afin de résoudre la situation des réfugiés et migrants en Europe et d'éviter une nouvelle crise en Grèce, le HCR a appelé à prendre un certain nombre d'actions, y compris l'augmentation de la capacité d'hébergement et de soutien des migrants et une meilleure coordination entre les pays du continent. Ces mises en garde de l'ONU interviennent au moment où l'UE allait proposer (mercredi) d'aider financièrement les Etats membres confrontés à des arrivées massives de migrants tandis que les autorités françaises poursuivaient le démantèlement de la «jungle» de Calais et que des milliers de migrants restaient bloqués à la frontière gréco-macédonienne. Le Commissaire européen à l'Aide humanitaire, Christos Stylianides, devait proposer à Bruxelles d'allouer une partie de l'aide humanitaire de l'UE aux pays qui doivent accueillir massivement réfugiés et migrants. La Grèce notamment, estime avoir besoin de près de 500 millions d'euros pour organiser l'accueil de 100 000 réfugiés et tente de gérer une situation devenue intenable à sa frontière avec la Macédoine.