Initiative n Une vaste campagne de formation des citoyens aux premiers secours a été lancée par l'Algérie depuis 2010 En effet le bilan croissant des victimes d'accidents de la circulation par exemple a été qualifié de très important. Il dépasse les 4 000 décès annuellement. Ce qui pousse beaucoup de spécialistes et non spécialistes à intervenir sur le champ pour sauver le maximum de victimes par l'évacuation hors des véhicules accidentés ou la prise en charge des blessés sur le champ. Toutefois, on se retrouve devant les gestes... qui ne sauvent pas. Mais qui font que l'état des victimes empire selon le commandant Hakim. «Selon des témoignages, certaines personnes ont doublement été victimes. eIles ont été évacuées par de faux gestes qui leur ont coûté une invalidité à vie», s'est-il désolé. Pour lui, la bonne intention ne suffit pas : «On ne sait pas. On n'intervient pas et on ne touche pas à la victime. On alerte uniquement.» «Il ne faut pas aggraver l'état de la victime», disait le formateur qui voit qu'un travail en amont devrait être fait dans la sensibilisation. De l'avis de spécialistes, le taux de la population algérienne initiée aux premiers secours reste en deça des attentes. En l'absence de chiffres exacts et officiels, ce taux aurait été à moins de 1% en 2005. Une vaste campagne de formation des citoyens aux premiers secours a été lancée par l'Algérie depuis 2010. Elle axe sur l'intervention des volontaires lors d'éventuels accidents de la circulation ou de catastrophes naturelles. Sur la même lignée, la Protection civile s'est mise sur ce créneau avec la formation de secouristes volontaires de proximité (SVP) en lançant en parallèle l'opération «1 secouriste par famille». Ce qui a permis de hausser le nombre de secouristes à l'échelle nationale. En effet, 22 sessions de formation «1 secouriste par famille» au niveau de toutes les unités de la Protection civile ont été tenues de novembre 2010 au 3 mars 2016. Selon le responsable du Centre national d'information (CNI) de la Protection civile, Adel Zerrouk Zerraimi, 79 275 personnes dont 14 875 femmes ont bénéficié avec un ratio national de 200 secouristes pour 100 000 habitants. Ouverte à tous les niveaux agés de 18 à 65 ans, cette formation de 21 jours est donnée après les heures de travail. La formation de secouriste volontaire de proximité a été lancée en février 2015. Une seule session a été tenue à ce jour pour la formation de 3 000 personnes dont 425 ayant aussi été formés pour le secourisme de famille. Soit un ratio de 7 SVP pour 100 000 habitants. Cette formation d'une durée de 15 jours est ouverte pour les 22 à 50 ans. «C'est une sorte de convention entre le secouriste et la Protection civile. Elle vise la formation de groupes d'intervention de proximité dans les quartiers et les cités à travers chaque commune, daïra et wilaya. Ce groupe sera disponible en cas de nécessité ou de catastrophe et dans le cadre de la sensibilisation et de la prévention contre les risques», nous a expliqué Adel Zerraimi. Dans le même cadre, d'autres formations conventionnelles sont dispensées avec plusieurs secteurs pour la vulgarisation sur les gestes qui sauvent et le secourisme de masse. A savoir le ministère de la Jeunesse, l'ANP, les Scouts, l'éducation, les affaires religieuses, la solidarité. Toutefois, elles seraient insignifiantes comparativement à d'autres populations sous d'autres cieux. A titre d'exemple, le nombre de secouristes est passé de 10% en 2005 en France, à 27% en 2012 et à 47% actuellement pour 80 millions d'habitants. Il faut signaler que ce sont également les curieux qui compliquent la mission du secourisme et l'arrivée des ambulances. Il faut signaler que la Protection civile de Blida a également innové en formant aussi des personnes en situation de handicap (les malentendants) et les apprenants au niveau des classes pour analphabètes sur la base d'une convention avec l'association Iqraa. S. L. «Desserrer tout ce qui est serré» Le lieutenant Djamel Bousouna formateur pédagogue a expliqué pour sa part que lors du secourisme, 3 fonctions importantes sont à prendre en compte. A savoir la fonction nerveuse, respiratoire et circulatoire. «Il faut desserrer tout ce qui est serré, frapper sur le front et parler à haute voix», a-t-il insisté. Le secouriste pourrait être confronté à des hémorragies internes ou externes. Ces dernières sont visibles par l'écoulement du sang hors des vaisseaux, artères ou veines. «On dit hémorragie externe une quantité suffisante pour imbiber un mouchoir en quelques secondes», a-t-il expliqué. La conduite à tenir, selon lui, est de stopper le saignement par la compression directe avec une compresse ou un linge propre et si possible avec des gants pour se protéger du contact direct avec le sang. La pose du garrot n'est finalement pas vraiment simple. Il sera utilisé comme dernier recours et bien visible pour les secouristes si la compression est inefficace ou le secouriste est seul devant plusieurs victimes. Par contre, les hémorragies internes ne sont pas faciles à deviner. Heureusement certains signes permettent de les détecter. On cite la pâleur, la sueur abondante, les extrémités froides, la respiration accélérée avec des pauses respiratoires, le pouls rapide accompagné d'une soif intense ainsi que la perte de conscience et l'hypotension. Le secouriste peut rassurer la victime en lui demandant de donner la main et en la mettant en position strictement allongée, couverte et les membres inférieurs surélevés. Mais le cas le plus grave qu'on peut rencontrer est celui de l'arrêt cardio-respiratoire d'après le commandant Mokadem. «Il exige le massage cardiaque pour l'alimentation du cerveau par le sang et l'oxygène afin d'éviter de perdre la victime. On peut l'aider à résister pendant 20 minutes le temps de l'arrivée des secours», a-t-il expliqué. A signaler que plus de 80% des américains sont initiés au massage cardiaque ce qui a permis de sauver 30% des victimes. Notre pays devrait être au diapason en matière de consensus selon des spécialistes. S. L. Règle d'or : éviter «le suraccident»
D'abord, le secouriste doit se protéger lui-même pour ne pas s'exposer au danger. Il alerte les secours tout en écartant la victime du danger en cas de nécessité (feux, explosion, électricité, produits chimiques,..). Il devrait être vigilant aux risques d'aggravation d'accidents «le suraccident». S'il est véhiculé, il devra s'arréter après l'accident en mettant les feux de détresse et en posant un panneau de signalisation à 100 m afin de dégager la piste et ralentir la circulation. Il mettra aussi les triangles de signalisation de danger à 150 m du sinistre en amont et en aval. Après avoir coupé le moteur du véhicule endommagé et enlevé les cosses de batterie lors de l'accident, il ne doit pas déplacer la victime et surtout ne pas jouer le rôle du médecin. Il peut par contre la tenir au chaud et la rassurer en évitant de lui donner à boire afin d'éviter par exemple une fausse route. Selon le Dr Kadem, il doit alerter en positionnant bien la victime et agir rapidement dans le calme tout en analysant la situation en donnant le lieu exact du sinistre ainsi que la nature de l'accident et l'état apparent de la victime. La hâte d'alerter sans détail est l'un des facteurs de retard d'arrivée du secours dans certains cas d'après le commandant. Par ailleurs, l'inattention des individus fait que beaucoup de pertes de vies humaines est souvent constatée. Le DPC de Blida a évoqué l'exemple de cette famille de Sétif ayant péri suite à l'inhalation de monoxyde de carbone après que la cheminée d'évacuation été bouchée.