Tension n Le trafic aérien à l'aéroport de Mitiga dans la capitale libyenne a été suspendu pendant quelques heures, hier dimanche, «pour des raisons de sécurité», C'est ce qu' a affirmé à la télévision libyenne al-Nabaa Youssef Guesseia, chef de la direction de l'Aviation civile à Tripoli, avant d'annoncer quelques heures plus tard que les vols avaient repris normalement. «Des instructions ont été données par l'Aviation civile libyenne de fermer l'aéroport» de Mitiga, a pour sa part indiqué la principale compagnie d'Etat «Libyan Airlines» sur sa page Facebook. Au total, l'aéroport a fermé pendant six heures, de 8h00 (6h00 GMT) à 14h00 (12h00 GMT). «La direction de la sécurité aérienne est en train de vérifier les différentes installations de l'aéroport par souci pour la sécurité des passagers», avait indiqué, dans la matinée, M. Guesseia. Aucune des sources n'a cependant pu expliquer quelles étaient ces «raisons de sécurité». Dans la nuit de samedi à dimanche, des échanges de coups de feu et des affrontements ont été entendus dans tout Tripoli pendant plusieurs heures. Selon un pilote de ligne libyen qui a voulu garder l'anonymat, ce matin «l'aéroport était bouclé par des milices qui pointaient leur armes vers le haut». «Ils ne veulent pas que (l'avion de Fayez) Sarraj atterrisse» à Tripoli, poursuit-il. Vendredi, les autorités libyennes installées à Tripoli ont décrété «l'état d'urgence maximal» dans la capitale libyenne, après l'annonce par le gouvernement d'union nationale, qu'elles rejettent, de sa volonté de s'y installer prochainement. En vertu d'un accord signé en décembre 2015 au Maroc et parrainé par l'ONU, un conseil présidentiel composé de neuf membres de factions rivales et présidé par Fayez al-Sarraj, a été créé pour proposer un gouvernement d'union nationale censé mettre fin au conflit qui oppose deux «gouvernements» rivaux siègeant l'un à Tripoli et l'autre dans l'est. Face à la volonté affichée de ce gouvernement de s'installer à Tripoli «dans les tout prochains jours», les Tripolitains s'interrogent sur la façon dont il pourrait entrer dans une ville qui ne compte qu'un seul aéroport, contrôlé par des autorités qui ne veulent pas de lui. Depuis que ce gouvernement d'union parrainé par l'ONU a dit son intention de venir à Tripoli, malgré le refus catégorique du gouvernement non reconnu par la communauté internationale qui y siège depuis 2014, la capitale libyenne craint des affrontements armés mais aiguise son sens de l'humour. Pour certains, Fayez al-Sarraj arrivera en fait en hélicoptère à Janzour, dans la banlieue ouest de Tripoli, pour s'installer dans le luxueux Palm City, un complexe balnéaire. D'autres l'imaginent arriver par la mer, protégé par des «forces étrangères». Une caricature sur Twitter le montre débarquant en Libye en parachute aux couleurs de l'ONU. Sur le même mode humoristique, un «flash info» circule sur l'installation par des milices de Tripoli d'immenses ventilateurs pour provoquer une tempête de sable et empêcher l'avion de M. Sarraj d'atterrir.