Scandales n La liste des personnes éclaboussées par les «Panama Papers» s'allongeait hier, jetant la lumière sur les pratiques fiscales opaques de certains hommes politiques, sportifs, entrepreneurs. A l'instar de son homologue islandais, le Premier ministre britannique David Cameron était aussi sous pression, mais dans des proportions bien moindres. Son père, Ian, ayant dirigé un fonds d'investissement basé aux Bahamas dont les profits ont échappé au fisc britannique grâce à un montage via Mossack Fonseca, le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a demandé «une enquête indépendante». Le quotidien français Le Monde, un des participants à l'opération de l'ICIJ, a mis en cause l'entourage de Marine Le Pen, la présidente du Front national (extrême droite), l'un des principaux partis politiques français. L'un des proches cités par le journal, Frédéric Chatillon, a protesté de la «parfaite légalité» des opérations. Aux Pays-Bas, le quotidien Trouw affirme que parmi les centaines de Néerlandais qui ont utilisé les services du cabinet panaméen pour créer des sociétés dans des paradis fiscaux, figure l'ancien footballeur international Clarence Seedorf. Le Monde a aussi ciblé la banque française Société Générale, dans le top 5 des banques qui ont eu le plus recours à Mossack Fonseca pour créer des sociétés offshore, derrière HSBC, UBS, Crédit Suisse. Créer une société offshore n'est pas en soi une pratique illicite et le PDG de Credit Suisse, Tidjane Thiam, a déclaré mardi à Hong Kong à l'agence Bloomberg News que la banque n'approuvait que les opérations offshore «légitimes». Certains noms font en revanche planer un nuage plus sulfureux sur les «Panama Papers». Selon Trouw, John Bredenkamp, un négociant d'armes, aurait eu «au moins 13 sociétés» via Mossack Fonseca, dont «au moins cinq se sont retrouvées sur des listes internationales de sanctions pour son implication présumée dans la vente d'armes au président du Zimbabwe» Robert Mugabe. Les médias britanniques BBC et The Guardian font aussi état d'activités allant au delà de la simple évasion fiscale, affirmant qu'une société écran nord-coréenne utilisée pour financer le programme nucléaire de Pyongyang a fi-guré parmi les clients de Mossack Fonseca. DCB Finance, domiciliée à Pyongyang, a été enregistrée dans les îIles Vierges britanniques en 2006 et fut légalement constituée par Mossack Fonseca, qui a cessé de la représenter en 2010. La DCB a été visée à partir de juin 2013 par des sanctions de Washington qui la soupçonnait d'avoir, à compter de 2006, fourni des services financiers à deux entités nord-coréennes jouant un «rôle central» dans le développement des programmes nucléaire et balistique nord-coréens. Wikileaks, Snowden, «Panama papers» : trois déflagrations mondiales l WikiLeaks, Snowden, «Panama papers»: en six ans, la planète a été secouée par plusieurs révélations fracassantes à partir de données cryptées, sur les secrets du Pentagone, les écoutes des services américains et les paradis fiscaux. Créé en décembre 2006 par l'Australien Julian Assange et une dizaine d'autres personnes, WikiLeaks, acquiert sa notoriété en publiant, le 5 avril 2010, une vidéo prise à bord d'un hélicoptère américain filmant son raid à Bagdad en 2007 qui a coûté la vie à une dizaine de civils dont deux employés irakiens de l'agence Reuters. Un soldat américain, Bradley Manning est alors emprisonné pour avoir été la source de WikiLeaks. La même année, le site met en ligne quelque 77 000 documents classés de l'armée américaine sur la guerre en Afghanistan puis près de 400 000 rapports d'incidents sur la guerre en Irak, relatant des cas de torture couverts par l'armée américaine. Le 28 novembre débute l'opération qui assied la célébrité mondiale du site: la diffusion de plus de 250 000 câbles diplomatiques révélant les dessous de la diplomatie des Etats-Unis par cinq grands médias internationaux --The New York Times, The Guardian, El Pais, Der Spiegel, Le Monde. Edward Snowden, consultant pour la NSA (Agence nationale de sécurité américaine), a déclenché de son côté, une tempête mondiale en fournissant à la presse des dizaines de milliers de documents montrant l'ampleur de la surveillance effectuée par cet organisme. Le 5 juin 2013, le quotidien britannique The Guardian fait éclater l'affaire en révélant que la NSA a collecté des millions de données téléphoniques auprès de l'opérateur américain Verizon, suivant la décision d'un tribunal secret. Les révélations se succèdent alors dans la presse internationale : interceptions massive de métadonnées téléphoniques (horaires, durée, numéros appelés) et de courriels, surveillance des réseaux sociaux, espionnage de grandes entreprises étrangères et des bureaux de l'Union européenne, écoutes des conversations de dirigeants étrangers (la chancelière allemande Angela Merkel, la présidente du Brésil Dilma Rousseff, le gouvernement mexicain...). Un empire immobilier à Londres pour le président émirati l Le président des Emirats arabes unis possède un empire immobilier représentant 1,5 milliard d'euros à Londres via des sociétés offshore montées par le ca-binet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, au cœur du scandale des «Panama papers», affirme le Guardian ce mercredi. Le quotidien britannique explique qu'un certain nombre de personnalités du monde politique et des affaires possèdent de vastes propriétés immobilières au Royaume-Uni par l'intermédiaire du cabinet panaméen et de façon anonyme jusqu'à ces révélations, particulièrement à Londres où les prix ont explosé ces dernières années. Il souligne toutefois que ces pratiques n'ont rien d'illégal. Le journal met en avant le cas du président des Emirats, richissime état pétrolier, cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, qui possède un parc immobilier estimé à 1,2 milliard de livres (1,5 milliard d'euros). La présence immobilière à Londres de la famille régnante d'Abou Dhabi, dont cheikh Khalifa est l'émir, était déjà connue. Mais son ampleur prend un relief nouveau avec ces informations. Il est ainsi révélé que son portefeuille compte le monumental bâtiment du grand magasin BHS sur la célèbre rue commerçante d'Oxford Street ainsi que des propriétés abritant entre autres une boutique Hermès sur la prestigieuse artère de Mayfair. Dominique Strauss-Kahn et… les scandales l La société d'investissement luxembourgeoise LSK, présidée par l'ex-patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn jusqu'en octobre 2014, a créé 31 sociétés dans des paradis fiscaux, affirme ce mercredi, le quotidien français Le Monde dans le cadre de l'enquête sur les «Panama papers». Selon le quotidien, qui a eu accès aux documents provenant du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, LSK (Leyne Strauss-Kahn & Partners) a aidé des clients à ouvrir et à administrer des sociétés aux Seychelles, aux îles Vierges britanniques, au Panama et à Hongkong via une filiale baptisée Assya Asset Management Luxembourg (AAML). «La plupart ont servi à ouvrir des comptes en banque domiciliés en Suisse, au Luxembourg, au Panama ou à Hongkong - un montage souvent utilisé pour dissimuler l'identité réelle des bénéficiaires des fonds», relève le quotidien. Parmi les bénéficiaires figurent «de riches particuliers français, des producteurs audiovisuels asiatiques, un important groupe d'aménagement parisien».Le Monde souligne que LSK, aujourd'hui en faillite, pratiquait l'activité offshore avant l'arrivée de Dominique Strauss-Kahn à sa présidence en octobre 2013. Dominique Strauss-Kahn est déjà visé par plusieurs plaintes déposées par d'anciens actionnaires de LSK qui estiment qu'on leur a présenté, au moment de leur investissement, une situation financière du fonds non conforme à la réalité.