Bilan n Sur les 1 368 marchés informels recensés à l'échelle nationale, 999 ont été éliminés, selon le sous-directeur chargé des études et de la prospective au ministère du Commerce. Ces chiffres représentent le quart des marchés informels, existant sur l'ensemble du territoire national, résorbés depuis le lancement de l'opération d'éradication qui s'est avérée complexe et éreintante. Cette intervention a permis de réinsérer dans une activité légale près de 42% de personnes exerçant dans l'informel. «sur les 48 506 personnes activant dans ces marchés illégaux, 20 491 ont été réinsérés dans de nouveaux marchés de proximité pour y exercer en toute léga-lité», poursuit Ahcène Sid Ahmed. Les mêmes chiffres reviennent dans les propos du ministre du Commerce, avec toutefois quelques écarts. «945 marchés informels, soit 69% des 1 368 marchés illicites recensés, ont été éradiqués à fin septembre dernier, et 20 000 commerçants informels sur les 45 000 existants (43%) ont été intégrés dans le circuit formel», a indiqué le mi-nistre. Cette dynamique pourrait à moyen terme permettre une meilleure organisation de la place commerciale grâce à l'ouverture de plusieurs marchés de proximité, auxquels s'ajouteront les marchés couverts en cours de réalisation, selon Bakhti Belaïb. 767 marchés sont programmés dans le cadre de la suppression du commerce illicite, a précisé le ministre, ajoutant que la réalisation de 10 marchés de gros, dont trois devraient être réceptionnés en 2016, contribuera sensiblement à la régulation de ce commerce. «L'éradication de l'informel se fait au fur et à mesure de l'avancement de la réalisation et de la livraison du reste des marchés en cours de construction», a-t-il affirmé, précisant qu'à la fin de 2015 plus de 618 structures ont été réceptionnées. Il a assuré que les efforts déployés par les autorités pour lutter contre toutes formes de commerce illicite se poursuivront dans l'ensemble des wilayas du pays à travers le renforcement des brigades de contrôle. Ce dispositif, conjugué à l'action de sensibilisation et d'information sur les nouvelles dispositions en matière de sécurité sociale, des allégements et facilitations dans le recouvrement des cotisations sociales, en direction des milliers de jeunes activant dans l'informel a pour but d'en finir avec l'évasion fiscale et les pertes occasionnées au Trésor public. Eradiquer le commerce informel devrait aussi réduire le transfert illicite des devises, les surfacturations et l'occupation illicite du domaine public par des marchands ambulants qui squattent chaque coin de rue. Maîtriser les effets négatifs de ce marché pourrait également permettre de mieux organiser le commerce au niveau des quartiers périphériques et améliorer le contrôle sanitaire des produits de consommation. Le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Ali Haddad, avait estimé il y a à peine quelques mois, que 37 milliards de dollars circulaient dans le marché informel en 2015. Un chiffre qui aurait probablement grimpé cette année, selon le FCE, affirmant que l'emprunt obligataire constitue une incitation à toutes les personnes disposant de fonds à les injecter dans les circuits formels. A. B. Pourquoi refuse-t-on d'intégrer la sphère légale ? l Beaucoup de jeunes activant dans le secteur informel refusent d'activer au sein des structures règlementaires. Pour notre expert, Akli Moussouni, «Ce n'est pas un choix à proposer aux opérateurs qui éliront certainement le marché informel, car vivre caché c'est vivre heureux. Un choix qui l'emportera même dans les sociétés développées». Mais, «c'est un puzzle à monter avec une nouvelle législation commerciale, un marché normalisé, une nouvelle monnaie que les commerçants et les épargnants vont assurément regagner». En somme, la problématique réclame un dispositif qui pourrait à la fois imposer la rigueur dans l'application des lois. Pour l'heure, la politique d'insertion des milliers de jeunes dans la sphère légale ne semble pas atteindre les objectifs escomptés. «Il ne s'agit pas de pondre des dispositifs pour lesquels on va chercher des clients», déplore M. moussouni. Il recommande plutôt «de commencer par extraire des filières de produits de l'informel à travers la mise en en place des modules de production et de distribution qui puisse permettre aux opérateurs impliqués d'agir dans la transparence pour entretenir leur toile active». Selon lui, «certaines filières sont carrément à éliminer, tels que les marchés de voitures où tout est permis». A. B. Akli Moussouni * à InfoSoir «La force ne suffit pas» InfoSoir : Pourquoi les autorités n'arrivent toujours pas à éradiquer l'informel malgré les 14 milliards déboursés à cet effet ? Akli Moussouni : Il est difficile de cerner cette problématique dès lors qu'elle se pose comme conséquence du manque de bon sens dans la construction des nouvelles cités dortoir où ne sont pas prévues les commodités. Le commerçant y doit, ainsi, aller chercher son client dans la rue puisqu'il n'a pas où le recevoir. A cela s'ajoute la spéculation sur les locations de locaux et des propriétaires qui augmentent sans cesse le montant. Il ne faut pas non plus oublier le parcours du combattant que le jeune doit faire pour l'obtention d'un certificat de conformité. Il ne suffit donc pas aux pouvoirs publics de faire dans la force pour résoudre un problème dont la problématique est ailleurs ! Quelles sont les causes de l'émergence du secteur informel ? C'est quoi d'abord quelqu'un exerçant dans l'informel ? Il faut le définir comme étant un commerçant non identifié ce qui n'est pas le cas (du moins dans la presque totalité des cas) puisqu'ils disposent du registre de commerce. Ça peut être aussi défini comme étant un opérateur qui est contre le fait de disposer d'une assurance maladie pour lui et sa famille et d'une retraite, ce qui n'est absolument pas le cas aussi. C'est donc, à mon, avis du formel qui active dans le noir dont les causes ont une origine autres que celle qu'on lui attribue généralement. A savoir une forte concentration humaine dans les secteurs des services (45%) par rapport au secteur productif (35%) environ. Entre les frais de location exagérés et ceux des impôts accompagnés d'une administration lourde comme le plomb, le commerçant n'a pas le choix en dehors de la triche vis-à-vis de la fiscalité. L'argent circulant dans l'informel oscillerait entre 1 000 et 1 300 milliards de dinars. Si officiellement on ne sait pas combien d'argent circule dans l'informel c'est parce qu'on ne connait pas, non plus, la nature des marchandises ni leur quantité contrairement aux pays dont le commerce est normalisé à un point où un paquet de cigarettes vendu dans un kiosque est automatiquement déduit immédiatement du stock national !
Les pouvoirs publics tentent vainement de drainer cet argent vers le secteur formel. Nuance ! Ce n'est pas vers le secteur formel puisque ce dernier ne peut exister sans la normalisation du marché. C'est donc une idée saugrenue que d'appeler les citoyens à la bancarisation de leur argent qui en plus sera taxé ! Ce qui a d'ailleurs généré l'effet contraire puisque de très nombreux citoyens se sont précipités pour retirer leur argent des banques ! Maintenant on leur demande de bancariser leur argent avec un intérêt de 5%, ce qui est une autre idée irréfléchie. Car l'une des causes de n'avoir pas pu épargner leur argent en banque est ce caractère illicite de ce système longtemps combattu par les imams. C'est comme si l'Algérie est un pays de deux républiques dont l'une orientale et l'autre occidentale. A. B.