Conjoncture n La célébration du 36e anniversaire du Printemps berbère du 20 avril 1980 coïncide cette année avec la promotion de tamazight langue officielle dans la Constitution amendée et adoptée le mois de février dernier. Il s'agit d'une juste reconnaissance de la part des plus hautes autorités du pays d'une revendication ayant fait l'objet d'un combat ininterrompu, mené depuis des décennies, par différentes générations de militants et d'intellectuels engagés, s'accordent à dire des militants de cette revendication nationale. Cette reconnaissance traduit la volonté politique de l'Etat d'élever la langue amazighe au rang de langue nationale et officielle et de la préserver ainsi de toutes récupérations ou exploitations et manipulations politiciennes de la part de certaines parties. En ce sens, la Constitution stipule dans son article 3 bis que tamazight est également langue nationale et officielle et que l'Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national. Mieux encore, il est prévu la création d'une académie algérienne de la langue amazighe qui sera placée auprès du président de la République. Elle s'appuiera sur les travaux des experts et sera chargée de réunir les conditions de promotion de tamazight en vue de concrétiser, à terme, son statut de langue officielle. Il s'agit là d'acquis indéniables pour une cause dont le combat n'a jamais cessé et ce, depuis 1949 dite «crise berbériste» au sein du Mouvement nationaliste algérien. Après l'indépendance, la cause amazighe a été portée par des militants de l'identité algérienne ayant connu et subi diverses péripéties, avant d'aboutir à ce qui est appelé «le Printemps berbère» en 1980. Cette revendication a connu une autre dimension après les événements d'octobre 1988 et l'avènement du multipartisme. Ainsi, plusieurs partis politiques ont intégré cette revendication dans leurs programmes respectifs. A la faveur de l'ouverture politique qu'avait connue l'Algérie en 1989, un mouvement d'intellectuels engagés dans le combat démocratique a porté la revendication amazighe, ce qui avait donné naissance au Mouvement culturel berbère (MCB), lequel s'est scindé en deux, par la suite en raison des divergences politiques apparues en son sein. Pour exiger la reconnaissance de la langue amazighe comme langue nationale, un mouvement de grève dans les écoles des wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou, Béjaïa et même Bouira notamment a été lancé en 1994, provoquant du coup une année blanche pour les élèves de cette région. Une année plus tard, le 27 mai 1995, le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) a été créé. Considéré comme étant la première instance officielle au Maghreb, dédiée à la promotion de la culture et de la langue berbères, le HCA dont le premier président fut Mohand Idir Ait-Amrane, a pour mission, entre autres, de promouvoir l'enseignement de la langue tamazight dans les milieux scolaires. Farid Houali Tamazight à l'école l Après la création du HCA, plusieurs acquis ont été enregistrés, notamment l'introduction de l'enseignement de la langue tamazight dans les trois paliers de l'enseignement. Selon les chiffres avancés par le HCA, plus de 2.000 enseignants en langue amazighe sont actuellement en exercice à travers le territoire national, soit 23 wilayas du pays. Ce nombre passera à 32 wilayas lors de la prochaine rentrée scolaire, selon le secrétaire général de cette instance, Si El Hachemi Assad, considérant qu'il s'agit là d'une «grande avancée». Rappelant que la langue amazighe avait été introduite dans l'université en 1990, il a précisé que jusque-là 6.029 étudiants ont obtenu des licences en langue amazighe et 130 autres ont obtenu le master et le doctorat. En outre, la création du HCA a été suivie, en 1994, par l'intégration dans les programmes de la Télévision nationale d'un Journal télévisé en Tamazight, diffusé quotidiennement à 18h. F.H. Une association pour d'anciens militants d'avril 1980 l Des anciens militants du mouvement culturel berbère de 1980 issus du monde de travail ont organisé hier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou des premières assises pour la création de l'association Ithran N Tmanyin (Etoiles de 80). «Dans le cadre des revendications du MCB concernant la question identitaire et dans la continuité des évènements d'avril 1980, nous, anciens militants du mouvement issus du monde du travail, avons décidé de créer une association culturelle dénommée Ithran N Tmanyin», ont expliqué les initiateurs, dans une déclaration lue à l'ouverture des travaux de la rencontre. L'idée de s'organiser en association a germé en 2008 entre six anciens animateurs du mouvement 1980, à savoir Mohammed Sarni, Beranin Youcef, Badjou Abdelkader, Kaci Ramdane, Sadi Ahmed et le défunt Moussaoui Khellaf, avant d'entamer l'organisation d'activités commémoratives du 20 avril depuis 2013, a déclaré à l'APS, Mohammed Sarni, un membre fondateur de l'association.