Cette énorme masse monétaire qui circule s'explique par la réticence de nombre d'Algériens à confier leur argent aux banques. Un problème «culturel», selon les spécialistes, qui estiment que le recours «excessif» aux modes de paiement traditionnels a conduit à une crise «récurrente» de liquidités. Il est plus que temps, rappellent-ils, de généraliser le mode électronique, pour le bien de l'économie et du pays. C'est le chiffre donnée hier par le professeur Brahimi Aïssa de l'université de Khemis-Miliana, qui a relevé que la réticence des citoyens à déposer leur argent au niveau des banques est surtout d'ordre “culturel”. Or, la fiscalité bancaire peut contribuer à la fiscalité des communes par le biais du recours à la carte de paiement électronique, a précisé le professeur. La modernisation des moyens de paiement est révélatrice de l'aptitude du système monétaire national à s'adapter aux changements mondiaux caractérisés par une orientation vers l'économie de la connaissance, ont estimé pour leur part des enseignants et chercheurs en économie hier à Khemis-Miliana. Ces universitaires, qui prennent part à l'université Djillali-Bounâama à un séminaire de deux jours consacré aux “nouvelles tendances de la gestion des liquidités et la modernisation des moyens de paiement : obstacles et défis”, ont soutenu que les modes de paiement traditionnels s'avèrent “inefficaces” en ces temps caractérisés par la célérité dans le traitement des transactions. Selon eux, le recours “excessif” aux modes de paiement traditionnels a conduit à une crise “récurrente” de liquidités, rendant la Banque centrale incapable de répondre favorablement aux demandes de ses clients, “d'où des retombées économiques et sociales fâcheuses”, ont-ils fait observer. L'objectif de ce séminaire consiste notamment à recenser les problèmes auxquels les banques sont confrontées en matière de modernisation des moyens de paiement, a indiqué la présidente du séminaire et directrice du laboratoire de l'économie numérique Nadjet Kadi. La prise de connaissance des nouveautés en matière de système financier à l'échelle mondiale constitue également un autre objectif du séminaire, a-t-elle ajouté. Pour le Dr Bahih Abdelkader de l'université de Sidi Bel-Abbès, la conjoncture économique actuelle est caractérisée par la présence d'une “très grande masse” de liquidités hors circuit bancaire, faisant remarquer que cet état de fait constitue un frein à l'investissement. Selon lui, le système bancaire électronique est à même de résoudre la problématique de la disponibilité de liquidités sur le marché national et, par ricochet, “booster” les investissements créateurs de richesses et de postes d'emploi. Il a estimé que la réticence des citoyens à déposer leurs avoirs au niveau des banques explique, en grande partie, l'augmentation du taux d'inflation, mettant en évidence l'importance de faire prendre conscience aux citoyens le rôle joué par le système bancaire électronique. A. B. l Dans une communication intitulée "réalités et défis des modes de paiement électronique en Algérie", le Dr Samir Aït Akache de l'université de Bouira a, pour sa part, mis l'accent sur le fait que le recours aux moyens modernes de paiement est à même de faire disparaître le marché parallèle de la monnaie. Il a, dans ce contexte, expliqué que la monnaie électronique, condition siné qua non du commerce électronique, contribue à la facilitation des transactions commerciales, assurant par la même un gain de temps "substantiel" aux banques dont elles diminuent des charges. Il a toutefois relevé que des obstacles tels les lacunes du mode de paiement électronique (piratage, vol, perte), ajouté à l'analphabétisme régnant et au manque de confiance dans les institutions monétaires, ne sont pas de nature à encourager le recours aux moyens modernes de paiement.