Vestige n Quand on a l'occasion de passer par Bordj El-Kiffan, le Fort de Tamentfoust à quelques encâblures de là, mérite le détour. En ce temps printanier, la petite commune de Tamentfoust a déjà posé un pied dans la saison estivale. Il est aux environs de 13 heures. Il règne une douce torpeur dans le voisinage du lazaret. Les villas voisines s'abritent derrière leurs murs et feuillages. «Vous cherchez le musée ? C'est là où flotte le drapeau national», indique un habitant. L'emblème frappé de l'étoile et le croissant, claque au vent de la mer, amie intime des lieux. Plus bas, le petit port et ses embarcationssont à leurs occupations quotidiennes sans que cela ne vienne perturber les espaces sereins du fortin. Un portillon en bois peint en gris est fermé. Le jardin entourant le Fort est soigneusement travaillé. Roses écloses et autres plantes, allées tracées, arbrisseaux ajoutent au charme du site. Deux canons, vétérans de l'artillerie ancienne, ont reçu pour mission de ne pas baisser pas la garde. Un pont levis, unique voie d'accès permettant le passage aux visiteurs, est entouré d'un fossé de 3 mètres de profondeur. Anciennement, le chenal aujourd'hui à sec, était immergé de part et d'autre des eaux de la mer. Après avoir traversé la skiffa, le préau, on est en face d'une cour où trône un puits avec un vieux panier à l'ancienne, accroché à un support. En vérité, ce n'est pas un puits mais un collecteur d'eau de pluie qui a su être indispensable aux troupes du fort il y a des siècles. Une amphore de dimension géante est également là, pour le décor sans doute… Plusieurs alcôves se prolongent sous les arcades. Nous n'aurons à visiter que deux d'entre elles, la salle romaine et la salle ottomane ainsi ce qui servait de cuisines. La consigne est catégorique. Pas de photos et pas de notes pour les journalistes sans l'aval de l'administration qui gère le Fort. On fait avec. La vaste terrasse et son chemin de ronde est dotée de meurtrières et d'archères. Surplombant les flots moirés, elle est creusée de drains destinés à recueillir les eaux de pluie qui alimentaient le puits. La première chose qui attire l'attention du nouveau venu en se rapprochant du fort, c'est sa forme octogonale architecture unique au Maghreb. Les matériaux de construction, également n'échappent pas au regard par leur consistance massive et leur couleur jaunie par les siècles. On saura que ces pierres datent de l'époque romaine et qu'elles ont été récupérées pour ériger la forteresse. Sa construction remonterait au XVIe siècle, puis elle a été reconstruite au XVIIIe siècle par Ramdane Agha. Nous ne finirons pas le détour sans parler de la défaite cuisante de Charles Quint dans une des anses de Tamenfoust et de la légende de Sidi Messaoud El-Bahri. C'est sur une natte mise à l'eau que le saint homme, menacé de prison, traversa les flots pour venir à Alger tenir tête au Dey de l'époque. Le chef turc face au miracle ne put emprisonner le vieux sage. Une koubba lui a été construite par deux colons en 1925 afin de s'attirer les bonnes grâces des fidèles musulmans et du…saint homme. Un peu de toilettage ne peut faire que du bien au vénérable lazaret en le rendant un peu plus pimpant. Notons que le Fort Tamentfoust n'a rien prévu cette année pour le mois du patrimoine sinon ouvrir ses portes au public comme à l'accoutumée.