Vision n Abdelkader Messahel a appelé le 5 du mois courant à Tunis à entreprendre «rapidement un processus de réforme véritable» de l'Union du Maghreb arabe (UMA) par la modernisation de ses structures et la révision de ses textes juridiques. 27 ans après la création du système d'action commune maghrébine, son bilan reste modeste et en deçà des attentes des pays de l'UMA, a fait remarquer le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe dans une allocution à l'ouverture de la 34e session du conseil des ministres des affaires étrangères maghrébins, appelant à la nécessité d'un processus de réforme véritable et rapide. Pour M. Messahel, la situation «ne prête pas à optimisme», d'où, a-t-il dit, «l'urgence de redoubler d'efforts et de rattraper le temps perdu, afin de concrétiser les objectifs qui sont la raison d'être de l'UMA». M. Messahel a ajouté que «la réalisation de ces objectifs passe par une modernisation globale des structures de l'UMA, la révision de ses méca-nismes et son mode de fonctionnement». Il s'agit, a-t-il poursuivi, de «réviser tous ses instruments juridiques, y compris son acte constitutif». Seuls sept textes juridiques sur trente-sept sont entrés en vigueur, a encore signalé M. Messahel, qui a considéré que la réforme «est plus que nécessaire» dans un contexte régional critique et de «menaces sécuritaires inédites» qui pèsent sur notre région avec, «en tête, la prolifération du terrorisme et du crime organisé». «La réponse à ces menaces reste tributaire de la capacité des pays de l'UMA à s'adapter aux mutations régionales et internationales et à l'intensification de leur coordination dans le cadre d'une stratégie maghrébine globale qui tienne compte des dimensions sécuritaire et de développement et consacre les valeurs de modération», a encore soutenu M. Messahel. Il a mis en avant l'importance d'une définition réaliste des priorités de l'action commune, en consacrant le concept d'intégration économique sur la base d'une approche pragmatique graduelle en prélude à l'ère nouvelle de l'action régionale commune dans laquelle il sera facile de tirer avantage des aspects positifs de la mondialisation, tout en évitant ses effets négatifs. Auparavant, le ministre affirmait que l'Algérie proposait de revoir le système et les structures de l'Union du Maghreb arabe (UMA) afin de l'adapter aux mutations en cours et de lui permettre de relever les défis régionaux et internationaux actuels. L'Algérie propose depuis 2012 de revoir le système et les structures de l'Union du Maghreb arabe (UMA) afin de l'adapter aux mutations en cours et de lui permettre de faire face aux défis régionaux et internationaux qui se posent à la région, notamment le terrorisme, la migration clandestine et le trafic de drogue, a précisé M. Messahel. La désunion politique… Impératif n Face à l'effondrement du bloc communiste et à l'émergence consécutive d'un monde unipolaire dominé par les Etats-Unis, face à l'Europe, dont la construction communautaire progressait, les Etats maghrébins n'avaient d'autre choix que de s'unir. Les leaders arabes de l'époque, inspirés par le modèle de la Communauté économique européenne (CEE), ont voulu le nouvel ensemble régional d'abord comme un regroupement économique et non comme une union politique. Un rapprochement économique fondé sur des intérêts communs bien compris, se proposant la libre circulation des biens et des personnes, et susceptible de créer une dynamique inclusive de croissance à l'échelle de la région. Ce ne fut jamais le cas. C'est un échec sur toute la ligne et le Conseil des chefs d'Etat ne s'est plus réuni depuis 1994, malgré une tentative tunisienne de 2012 vite avortée. Il est évident que l'Union du Maghreb arabe est incontestablement la structure régionale qui connaît le plus de difficultés dans son orientation, sa politique et ses initiatives. Certains analystes mettent surtout l'accent sur la question du Sahara occidental. Si ce conflit apparaît comme le principal facteur de blocage dans la construction de l'UMA, il illustre l'incapacité de l'Algérie et du Maroc à sortir, depuis «la guerre des sables en 1963, d'une relation de méfiance, voire parfois d'hostilité». Consécutivement à ce conflit, qui crée une impasse politique entre les deux pays du fait qu'Alger soutient le Front Polisario dans sa lutte pour la libération du Sahara occupé par le Maroc, beaucoup de facteurs de tension sont nés. Les Marocains ont ainsi comme principal grief contre notre pays la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays, mais sans toutefois citer les raisons ayant motivé cette fermeture en 1994. Du côté d'Alger, les choses sont aussi claires que nettes. Dans un entretien accordé à la Chaîne France 24, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra a souligné dernièrement que «cette question concerne le principe algérien qui veut que les frontières algéro-marocaines ne seront rouvertes qu'une fois disparues les causes à l'origine de leur fermeture. A ce moment-là, les choses reprendront leur cours normal avec le voisin marocain». Concernant l'avenir des relations algéro-marocaines, M. Lamamra s'est contenté de rappeler l'incident de la profanation, en novembre dernier, du drapeau national au consulat général à Casablanca. Cet incident «a profondément heurté la conscience collective algérienne», a-t-il dit, soulignant qu'il «ne s'agit pas d'un incident anodin pouvant survenir n'importe où, mais d'une grave et flagrante atteinte aux symboles et valeurs auxquels nous croyons et que nous pensons encore partager avec les frères dans la région».