Une rencontre internationale, au plus haut niveau, s'ouvre ce samedi au Nigeria avec au menu la sécurité et notamment le groupe Boko Haram, qui sème mort et terreur depuis son apparition sur ce continent déjà tant éprouvé par les guerres et les conflits. La communauté internationale, qui s'alarme des proportions que prennent les activités de ce groupe, se montre solidaire. Parmi les invités de marque attendus à Abuja : le président François Hollande, Antony Blinken, secrétaire d'Etat américain adjoint, ainsi que le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond. Les chefs d'Etats des pays frontaliers du Nigeria (Bénin, Cameroun, Tchad et Niger) doivent également être présents, aux côtés d'une délégation de l'Union européenne et des communautés économiques d'Afrique de l'Ouest et Centrale (Cédéao et Ceeac). Deux ans après le premier sommet tenu à Paris, l'enjeu des discussions portera cette fois sur «le succès des opérations militaires» en cours, et «la résolution rapide de la crise humanitaire». Depuis l'arrivée de Muhammadu Buhari à la tête du Nigeria, il y a un an, l'armée a multiplié les victoires militaires contre Boko Haram, conduisant le président à annoncer que le groupe islamiste était «techniquement» vaincu. Mais les attentats-suicides n'ont pas cessé, la forêt de Sambisa (nord-est) reste un bastion de repli pour les rebelles, et les facteurs ayant contribué à l'émergence de Boko Haram (pauvreté, sentiment de discrimination des populations du Nord essentiellement musulmanes) continuent d'être des facteurs de déstabilisation dans la région. Et dans un rapport publié début mai, l'organisation indépendante International Crisis Group a alerté contre des déclarations de victoires prématurées. Si Anthony Blinken a reconnu hier à Abuja face à la presse que Boko Haram avait certes été «affaibli», selon lui, le groupe est loin d'être défait, au vu des surveillances de drones menées par Washington au nord-est du Nigeria. Il y a un an Boko Haram a prêté allégeance au groupe djihadiste de l'Etat islamique (EI). Par ailleurs, des combattants nigérians ont été vus jusqu'en Libye, mais aussi dans la région du Sahel, contrôlée par des groupes proches d'Al-Qaïda. «Nous sommes extrêmement attentifs à tous ces liens... (...) car nous voulons en venir à bout», a ajouté M. Blinken. Le président Buhari a encouragé le déploiement d'une force multinationale, qui aurait déjà dû voir le jour en juillet dernier. Cette force militaire, soutenue par l'Union africaine, et qui comprend 8 500 hommes originaires du Nigeria et des pays frontaliers, sera sans doute au cœur des discussions du sommet. Car si cette force existe, une meilleure coordination entre les différentes composantes nationales est indispensable, d'autant que Boko Haram s'est replié aux frontières du Cameroun, du Niger et sur les contours du lac Tchad. Le Nigeria a souffert d'un manque de coopération militaire internationale sous les précédentes administrations, son armée étant régulièrement accusée de corruption et de violations des droits de l'Homme.