Résumé de la 7e partie n Quand arriva la seconde lettre de sa mère, on n'eut plus besoin d'aller chercher le petit Louis. Elle eut beau le prendre sur ses genoux, il lui glissait entre les mains, et nous fûmes obligés de l'enfermer dans le panier aux provisions, dont j'avais retiré son goûter. Mistigri faisait là dedans un tapage horrible, et Marie finit par convenir avec moi que les chats et les moutons n'étaient point faits pour voyager en voiture. Enfin, quand on eut mis pied à terre dans les champs, Marie marchant devant et traînant ses moutons, et le chat trottant derrière eux, voilà que vint à passer le vrai troupeaux des vrais moutons de la ferme, et derrière le troupeau le vrai berger avec les vrais chiens du troupeau, lesquels, apercevant les deux bêtes de la petite bergère, se mirent à courir après avec de grands aboiements, les prenant pour des moutons égarés du troupeau. Marie criait comme si elle avait déjà été dévorée, et je criais aussi fort qu'elle ; et les chiens, ayant vu Mistigri, lâchèrent les moutons pour courir au chat ; et Mistigri, aveuglé par la frayeur, se prit lui aussi à s'enfuir de toutes ses forces, et je crois bien qu'il aurait été étranglé s'il n'avait pas dans le champ fait rencontre d'un pommier, sur lequel il grimpa très lestement. Alors le berger, qui ne savait pas ce que tout ce bruit voulait dire, rappela ses chiens ; on eut bien de la peine à calmer Marie et encore plus à calmer ses moutons, et, pour Mistigri, il ne consentit à descendre de son pommier que quand il eut vu le troupeau à un quart de lieue de là, rentrant dans la cour de la ferme. Arrivés dans le champ où les moissonneurs liaient les gerbes, tout alla mieux ; les moutons se mirent à brouter les branches des coudriers de la haie, Mistigri fit la chasse aux mulots, et Marie et moi, après avoir vu travailler les aoûterons, comment ils formaient les gerbes, comment ils les entassaient, nous nous mîmes à glaner dans les sillons vides. Bientôt Marie eut rassemblé une glane plus grosse qu'elle, et dans sa journée elle en recueillit trois. Quand l'heure vint de repartir, elle voulait les offrir à la fermière ; mais la maîtresse Richard, comme elle s'appelait, lui dit : Mademoiselle, les glanes sont pour les pauvres gens, et comme je sais qu'il n'en manque pas autour de votre maison, à la ville, emportez celles-là, et vous les donnerez à ceux qui en ont le plus grand besoin. Marie fut très fière de sa journée ; seulement, elle se promit, quand elle irait dans les fermes, de ne plus emmener ses chères bêtes, parce que les chiens de garde n'y entendent pas la plaisanterie et ne savent pas reconnaître les animaux bien élevés. A suivre Charles-Philippe de Chennevières-Pointel