Mystère n Le fait que les pilotes n'aient pas eu le temps d'envoyer un tel message laisse supposer qu'un incident soudain est survenu, estiment des experts. «Si l'équipage n'a pas envoyé de message d'alerte, c'est que l'événement a été très, très brutal», selon d'autres. Accident ou attentat ? Aucune information n'était disponible en fin de matinée pour expliquer la soudaine disparition de l'Airbus A320. Mais aucun message de détresse n'a été émis, selon l'armée égyptienne et une source de l'aviation civile grecque, ce qui laisse supposer qu'un incident brutal et soudain est survenu. «Pour l'heure, nous ne savons pas pourquoi l'avion a disparu», a déclaré un porte-parole d'Egypt Air en milieu de matinée. «Aucune hypothèse ne peut être écartée sur les causes de cette disparition», a, de son côté, indiqué le Premier ministre français, Manuel Valls. Des informations contradictoires ont été données dans la matinée au Caire sur l'envoi d'un appel d'urgence par l'équipage. L'armée a finalement affirmé qu'aucun «message de détresse» n'avait été reçu, infirmant ainsi une information d'Egypt Air. L'aviation civile grecque a également indiqué qu'il n'y avait «pas eu de signal de détresse». Le fait que les pilotes n'aient pas eu le temps d'envoyer un tel message laisse supposer qu'un incident soudain est survenu, estiment les experts. «Si l'équipage n'a pas envoyé de message d'alerte, c'est que l'événement a été très, très brutal», a expliqué Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquêtes et analyses (BEA) en France. «Un problème technique d'habitude, un incendie, un problème de panne moteur ne produit pas l'accident instantanément et l'équipage a le temps de réagir. Là l'équipage n'a rien dit, n'a pas réagi, donc il s'agit très probablement d'un événement brutal et on peut penser effectivement à un attentat», a-t-il ajouté sur la radio Europe 1. Ce qui est sûr, c'est qu'aucune hypothèse ne peut être écartée pour l'heure, mais de premiers éléments et le contexte géopolitique font craindre un attentat, selon des experts, alors que les présidents français et égyptien, François Hollande et Abdel Fattah al-Sissi, «sont convenus de coopérer étroitement pour établir le plus vite possible les circonstances de cette disparition». R. I./Agences L'avion a-t-il pu être abattu en vol ? Ce scénario, qu'il s'agisse d'un tir de missile sol-air comme évoqué pour le vol 17 de la Malaysia Airlines au-dessus de l'Ukraine en juillet 2014, ou mer-air comme le vol 655 d'Iran Air abattu par erreur par un croiseur américain, en juillet 1988, paraît peu probable à M. Feldzer. A son altitude (37.000 pieds, soit plus de 11.000 mètres d'altitude), et si loin des côtes, l'avion était hors de portée des missiles sol-air de type portatif en possession de divers groupes activistes au Moyen-Orient. "Un missile du sol, non, maintenant qu'il ait été abattu par un autre avion et par erreur, ce n'est pas à exclure, mais il me semble qu'on le saurait déjà", remarque M. Feldzer. Le nord de l'Egypte, à proximité des côtes d'Israël et de la bande de Gaza, constitue "la zone la plus surveillée au monde, y compris par satellite, c'est beaucoup plus difficile de cacher ce genre d'information", assure-t-il. La piste la plus probable l La piste de l'attentat à l'explosif semble a priori la plus probable. Le fait qu'aucun message d'alerte n'ait été envoyé fait penser un «événement brutal» laissant «penser à un attentat», selon les experts. «On privilégie évidemment l'attentat, c'est l'ambiance politique qui fait cela aussi, on tend vers cette hypothèse», selon eux. La France, déjà durement frappée par le groupe Etat islamique ces derniers mois, et l'Egypte, dont le régime de M. Sissi a renversé le président islamiste, démocratiquement élu, Mohamed Morsi, sont toutes deux des cibles pour la mouvance djihadiste. Mais «en général, ce genre d'attentat, si c'en est un, est revendiqué. Les catastrophes aériennes les plus graves qui ont eu lieu au–dessus de l'Egypte n 31 octobre 2015 : Un Airbus A321 de la compagnie russe Kolavia devait relier les villes de Charm El-Sheikh, en Egypte, à Saint-Pétersbourg en Russie mais il est tombé dans le centre de la péninsule du Sinaï. Les responsables du contrôle de l'espace aérien ont indiqué que la communication avait été coupée avec l'avion charter russe 23 minutes exactement après son décollage. Tous les 217 passagers et 7 membres d'équipage, dont trois Ukrainiens, un Biélorusse et 220 russes, ont péri. n 3 janvier 2004 : Un Boeing 737 de la compagnie égyptienne Flash Airlines à destination de Paris s'est abîmé en mer Rouge, quelques minutes après son décollage de l'aéroport de Charm el-Cheikh. Les 148 passagers qui étaient à bord ont péri, dont 134 Français. Seulement 83 dépouilles ont pu être rapatriées en France. Après que les boîtes noires et des morceaux de l'avion ont été retrouvés, l'enquête a révélé qu'une erreur de pilotage, notamment une désorientation spatiale du pilote, était à l'origine du drame. Les experts égyptiens ont aussi remarqué une panne du pilote automatique. n 21 février 1973 : Un Boeing 727 de la Libyan Arab Airlines qui effectuait la liaison Tripoli-Le Caire a été abattu par des chasseurs israéliens au-dessus du Sinaï, ces derniers ne parvenant pas à établir le contact avec le pilote du Boeing. 108 personnes ont péri, seulement cinq ont survécu. Le pilote de l'avion était Français et le copilote libyen conformément à l'arrangement contractuel entre Air France et Libyan Arab Airlines. En raison du mauvais temps et d'une défaillance technique, l'avion s'est perdu et est entré dans l'espace aérien israélien au-dessus de la péninsule du Sinaï. Des chasseurs israéliens F4 Phantom II ont effectué des tirs de semonce et tenté d'établir un contact visuel avec les pilotes qui les ont ignorés, selon la version officielle. Les autorités israéliennes ont reconnu une «erreur de jugement» mais aucune mesure à leur encontre n'a été prise. n 20 mars 1969 : Un Illiouchine 18D de la compagnie aérienne United Arab Airlines s'est écrasé après avoir raté par trois fois son approche de l'aéroport d'Aswan en Egypte en raison d'une mauvaise visibilité. Sur les 105 passagers et membres d'équipage qui étaient à bord de l'avion, cinq seulement ont survécu au crash. n 20 mai 1965 : Un Boeing 727 de la compagnie aérienne Pakistan International Airlines s'est écrasé près de l'aéroport du Caire. 108 passagers et 13 membres d'équipage ont péri dans l'accident. Six passagers seulement ont survécu. Le vol 705 de PIA volait de l'aéroport pakistanais de Karachi en direction de Londres avec trois escales à Dhahran, au Caire et à Genève. Lors de son arrivée au Caire, l'avion était légèrement incliné sur la gauche, puis a percuté le sol avant d'atteindre la piste d'atterrissage. Selon les experts, le pilote n'a pas réussi à maintenir l'avion à une hauteur suffisante pour pouvoir atterrir.