Opus n En Algérie comme à l'étranger, Beihdja Rahal comble son public d'émotion et l'immerge dans une atmosphère qui exige le recueillement. Beihdja Rahal vient de signer un nouvel album, le 25e, et qui comprend la nouba «rasd eddil». A ce propos, elle dira : «J'ai complété ce mode que j'ai enregistré en 2002, par d'autres pièces. Un ‘mceddar yaouchaq' (Ô Amants ! Sortant me promener un jour à Malaga), un ‘insiraf yaghazali ma ajmalak' (ô ma gazelle, comme tu es belle), un ‘khlass amchi yarassoul' (ô messager, va chez mon aimée au nom des promesses).» Par ailleurs, Beihdja Rahal explique, toujours à propos de ce nouvel album : «J'ai travaillé avec les mêmes musiciens qui m'accompagnent depuis une bonne dizaine d'années. J'ai agrandi l'orchestre en rajoutant un rebeb qui donne une certaine couleur particulière. Je reste toujours fidèle à la structure de l'orchestre traditionnel. L'enregistrement s'est fait au studio Aminos puis édité par Ostowana édition. Saâdane Benbabaâli a réalisé la traduction en français de toute la nouba comme il le fait pour tous mes enregistrements. Je continue à travailler avec lui car notre collaboration est très enrichissante et intéresse le grand public. Mohamed Meberbeche a fait le montage de la pochette. Lorsque je lui ai demandé de réfléchir à un décor particulier, il n'a pas hésité à me faire plusieurs propositions qui étaient aussi belles les unes que les autres. Les conseils de Hakim Benouali sont très importants car c'est avec lui que le choix des modes et des morceaux se fait avant tout enregistrement. Je n'oublie pas le travail de Nadji Hamma pour qui, le moindre détail est important. C'est tout ce travail d'équipe qui fait que chaque sortie d'album est une réussite.» Et cette réussite ne peut se faire, donc ne peut être concrétisée que s'il y a derrière une campagne de promotion. C'est ainsi que Beihdja Rahal, pour promouvoir la sortie de son album, a donné, au mois d'avril un concert à la salle El-Mougar, un autre à Sétif, le 19 mai, lors du festival de la musique andalouse. Le 2 juin, Beihdja Rahal sera à Londres au Cadogan Hall à Sloane Terrace ; le 17 septembre, elle sera en Ile de France pour un spectacle algéro-espagnol. «C'est une collaboration avec Albert Recasens, un musicien et compositeur espagnol avec qui j'ai donné un concert en juillet dernier au palais de l'Alhambra à Grenade, en Andalousie. C'était à l'occasion de la commémoration de la mort, cinq siècles après, d'Inigo Lopez de Mendoza, deuxième comte de Tendilla et premier gouverneur de l'Alhambra. Mon souhait est de le présenter en Algérie», souligne-t-elle. Ici comme ailleurs, en Algérie comme à l'étranger, Beihdja Rahal comble son public d'émotion et l'immerge dans une atmosphère qui exige le recueillement et, par sa voix cristalline, elle l'emporte au firmament de la musique qu'elle interprète avec beaucoup de sagesse et un savoir-faire certain qui dénote de l'authenticité et de la pureté. D'où la question : quel rapport avez-vous avec le public algérien et le public français ? Y a-t-il une différence ? A cela, elle répond : «Le public algérien est mon premier et grand amour ! Son avis est très important pour moi car il me suit depuis le début de ma carrière et même lorsque j'étais encore en formation au conservatoire et dans les associations en Algérie. Le concert de présentation de l'album, à sa sortie, est un moment de pur bonheur. Ce public est acquis mais attention, il ne faut jamais le décevoir. Il faut toujours travailler et faire de la recherche pour présenter du nouveau et du travail de qualité. Le public français me connaît depuis que mes albums se vendent en France et que les chaînes françaises me consacrent des émissions télévisées. J'aime les deux et je ne peux pas faire la différence car j'ai encore le trac à chaque fois que je rentre sur scène, en Algérie ou ailleurs. J'espère qu'il ne va jamais disparaître !» Yacine Idjer l Beihdja Rahal, icône de la musique andalouse, sachant étaler, comme à l'accoutumée, son talent de chanteuse ou manier la voix et le jeu d'instrument, jouit d'une carrière musicale, à l'échelle nationale comme sur la scène internationale, avec succès. Et de ce fait, elle est considérée comme l'ambassadrice de la musique classique algérienne. Et il se trouve qu'elle a embrassé tardivement sa carrière musicale. A ce sujet, celle qui figure parmi les 50 personnalités qui font l'Algérie par la revu Jeune Afrique (2008) et parmi les 100 personnalités qui font bouger l'Algérie par L'Express (2002), explique : «Ce n'est pas tard quand il s'agit de musique andalouse. On a besoin d'une longue formation avant de décider de faire carrière. Il est obligatoire d'apprendre le maximum et de côtoyer les maîtres qui vont vous transmettre leur savoir. Ce n'est pas une affaire de dix ans. D'ailleurs la nouvelle génération est pressée et pense qu'après quelques années d'apprentissage, on peut entamer une carrière solo. Lorsqu'on décide d'embrasser une carrière professionnelle, il faut avoir un répertoire solide et riche. On devient le chef dans le groupe. Les musiciens qui accompagnent l'interprète sont là pour le suivre et non pas pour lui donner des morceaux qu'il ne connaît pas. C'est ce qui se passe avec les jeunes chanteurs qui se lancent en ce moment. Il y a toujours une association derrière et un chef d'orchestre qui guide, et eux, ne font que chanter une nouba en solo.» Y. I.