Hécatombe n Des chiffres alarmants viennent d'être cités par l'Organisation internationale des migrations. A ce jour, 3 771 migrants ont péri uniquement en Méditerranée. D'après le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU, plus de 700 migrants seraient morts dans trois naufrages, mercredi, jeudi et vendredi derniers. Ces migrants quittaient la Libye et tentaient de gagner l'Italie. C'est l'une des séries de naufrages les plus meurtrières de ce que l'on appelle la route centrale méditerranéenne. La même semaine, toujours selon le HCR, 14 000 migrants ont été secourus dans la même zone. Le schéma est connu : plus on bloque les voies migratoires, plus les réfugiés prennent des risques pour contourner les barrières et parvenir jusqu'en Europe. En 2015, selon l'Organisation internationale des migrations, 3 771 migrants ont péri dans la mer Méditerranée. Ce nombre, en réalité, est encore plus élevé, sans qu'il ne soit évidemment possible de l'estimer. Malgré la présence d'un nombre important de patrouilleurs et de bateaux de secours en mer méditerranée, les drames liés à l'immigration clandestine s'enchaînent à un rythme effréné. Confrontée à la crise migratoire, la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Union européenne (UE), de sommet en sommet, peine à élaborer une approche commune pour résoudre le problème, qui a fait vaciller son unité en 2015 et menace de faire voler en éclats l'espace Schengen. En dépit des nombreuses mesures prises, l'Europe a fait face à un afflux de migrants qui ne cesse de s'intensifier depuis plusieurs mois, arrivant dans l'Union via la Méditerranée et les Balkans, depuis l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie du Sud. Le phénomène s'est amplifié en 2015, avec l'arrivée en masse des réfugiés syriens venant de Turquie qui accueille déjà 2,2 millions et du Liban qui compte sur son territoire 1,5 million de réfugiés, ce qui a provoqué une crise à l'échelle européenne. La Turquie, d'où partent l'essentiel des réfugiés qui arrivent en Europe, s'est engagée fin mars dernier, à endiguer le flux des migrants vers l'UE qui devra en retour débloquer une aide de 3 milliards d'euros, appliquer une exemption de visa UE pour les 75 millions de Turcs, dès octobre 2016, et ouvrir de nouveaux «chapitres» dans ses négociations d'adhésion à l'Union, au point mort depuis deux ans. Mais, l'accord UE-Turquie sur les migrants est remis en cause après les déclarations du président turc Erdogan vendredi 6 mai. En cause, les 72 critères que le pays doit remplir d'ici fin juin pour obtenir l'exemption de visas pour ses citoyens désirant voyager dans l'UE. Receyp Tayyip Erdogan s'oppose à l'un des critères exigés, la réforme de la loi sur le terrorisme. Après ces propos, «il y a désormais un très grand risque pour que cet accord s'effondre», selon le groupe de réflexion European Policy Center. Et ce serait inévitablement le retour à la case départ. R.I./Agences Les barbelés slovènes l Dans cette vallée slovène traversée par les eaux claires de la Kolpa, les migrants ne sont jamais venus. Mais la clôture censée les arrêter est restée, obstacle absurde pour les habitants, rebutant pour les touristes, dangereux pour les animaux. Nature immaculée, son de la rivière qui froufroute, chant des oiseaux, le paysage de carte postale autour du village de Kostel (sud) ne présente qu'un défaut : les barbelés tranchants comme des rasoirs qui courent à travers champs et forêts tout le long de la frontière croate. Fin 2015, les autorités slovènes ont érigé cet obstacle sur 166 kilomètres de frontière, alors que le pays devenait le lieu de passage de dizaines de milliers de migrants cherchant à gagner le nord de l'Europe. Objectif : aiguiller les arrivants vers des camps de transit et d'enregistrement, pour éviter qu'ils ne se dispersent le long de la frontière «verte», à travers champs. Après la Hongrie ou la Bulgarie, la Slovénie devenait un Etat européen de plus à barricader une partie de son territoire. Plus de 378 000 migrants sont entrés en Slovénie d'octobre à décembre et près de 100 000 entre janvier et mars, selon la police, avant que l'itinéraire via la route des Balkans de l'Ouest ne se referme début mars dernier. Une autre photo d'un enfant migrant noyé l L'organisation non gouvernementale allemande Sea-Watch, qui participe aux opérations de sauvetage de migrants en Méditerranée a décidé hier, lundi, de diffuser la photo d'un enfant retrouvé noyé, pour alerter l'Union européenne, a-t-elle expliqué dans un communiqué, sans pour autant révéler ni son âge ni non identité. «Si vous ne voulez pas voir ces images, arrêtez de les produire !», explique l'ONG dans le texte qui accompagne la diffusion de cette photo montrant un très jeune enfant noir dans les bras d'un des membres de l'organisation, à bord d'une embarcation. L'organisation estime devoir diffuser cette photo, jugeant que «ces images tragiques doivent être vues par la société européenne, car les tragédies sont la conséquence de la politique étrangère européenne». L'ONG ne donne aucune information ni sur l'âge ni sur l'identité de cet enfant. La photo a été prise lors d'une opération au large des côtes libyennes le 27 mai, après qu'une embarcation à bord de laquelle se trouvaient 350 personnes eut chaviré, explique l'ONG. «Beaucoup d'entre eux étaient déjà morts lorsque l'équipe Sea-Watch est arrivée», précise-t-elle, affirmant que «la gravité de la situation exige la publication» de ces photos. «Dans le sillage de ces événements terribles, il devient clair que les appels des politiciens européens à mettre un terme à ces morts en mer ne sont que des mots», déplore le fondateur de l'ONG, Harald Höppner, cité dans le communiqué. L'esprit du petit Ayaln l En septembre 2015, les images du corps sans vie du petit Aylan, enfant syrien retrouvé noyé sur une plage turque, avaient fait le tour du monde et suscité une vague d'indignation planétaire. En moins de vingt-quatre heures, la photo a fait le tour du monde. Elle montre le corps sans vie d'un petit enfant syrien gisant sur une plage de Bodrum, en Turquie. Face contre terre, le petit Aylan, 3 ans, a été retrouvé par les autorités turques, mercredi 2 septembre, non loin de deux autres corps : ceux de Galip, son frère de 5 ans, et de sa mère, Rehan. Au total, 12 personnes se seraient noyées après le naufrage de leur embarcation, qui faisait cap vers l'île grecque de Kos. Aylan n'est pas le seul à avoir été retrouvé mort. Son frère, Galip, cinq ans, et sa mère Rihan, trente-cinq ans, ont eux aussi péri en plein exil.