Situation n Les protagonistes du conflit yéménite peinent à progresser après huit semaines de pourparlers à Koweït sous l'égide de l'ONU, qui cherche à briser leur méfiance mutuelle en vue d'un règlement de paix. «Faire des concessions» est le leitmotiv du médiateur de l'ONU, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, qui avait prévenu, dès l'ouverture des négociations, le 21 avril, qu'«un échec n'est pas permis», dans un pays où la guerre a fait plus de 6 400 morts et 30 000 blessés en près de 15 mois. Les tractations entre une délégation gouvernementale yéménite, appuyée par l'Arabie saoudite, et celle des rebelles chiites houthis et leurs alliés, soutenus par l'Iran, «butent sur la persistance d'une méfiance mutuelle», a indiqué un diplomate occidental qui suit de près les discussions. Les pays du Golfe, en premier lieu les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, impliqués militairement, cherchent une issue au conflit. «La guerre est finie pour nos troupes», a déclaré hier le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash. Après de laborieuses concertations avec les négociateurs yéménites et des diplomates de pays parrains des pourparlers à Koweït, le médiateur de l'ONU a élaboré début juin un projet de plan de paix en trois points qu'il a soumis aux délégations, selon des sources gouvernementales et diplomatiques. Ce plan prévoit «l'abrogation de la déclaration constitutionnelle et la destitution du Comité révolutionnaire» ayant marqué la prise du pouvoir par les houthis le 21 septembre 2014 au terme de leur coup de force contre le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi. Le gouvernement, aujourd'hui basé à Aden (sud), reprendrait ses quartiers à Sanaâ «dans un délai de deux mois» et le président Hadi proclamerait alors une amnistie générale. Le cabinet de M. Hadi laisserait ensuite la place à «un gouvernement de partenariat national», ouvrant la voie à la reprise du processus politique pour une période transitoire de deux ans, d'après ce plan cité par les mêmes sources. Pour favoriser un rapprochement, l'émissaire de l'ONU a tenté, en vain, d'obtenir des rebelles et du gouvernement la libération de la moitié des prisonniers qu'ils détiennent avant la fin du ramadan. Les négociations directes, qui ont repris au cours de cette semaine après une interruption de près de deux semaines, «se poursuivent sur les questions militaire et sécuritaire», a déclaré hier Ismaïl Ould Cheikh Ahmed. Pour favoriser une percée, «10 des 18 pays parrains des négociations ont promis de donner des garanties pour un accord de paix au Yémen», a expliqué le diplomate. Cependant, le processus donne lieu à des gesticulations. Le chef de la délégation gouvernementale, Abdel Malak al-Mekhlafi, a menacé de se retirer des négociations. «Je pense que nous avons encore une semaine» avant que «nous n'atteignions le bout». R. I. / Agences «La guerre est finie» l Un ministre des Emirats arabes unis a affirmé que «la guerre est finie» pour les forces de son pays opérant au Yémen, dans une déclaration aussitôt tweetée par le prince héritier d'Abou Dhabi. «Notre point de vue est clair aujourd'hui: la guerre est finie pour nos troupes», a déclaré le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, lors d'une conférence hier à Abou Dhabi. «Nous surveillons les arrangements politiques, donnant aux Yéménites le pouvoir dans les régions libérées», a ajouté M. Gargash, dont le pays a joué un rôle clef dans l'éviction fin avril des djihadistes d'Al-Qaïda de la ville de Moukalla (sud-est du Yémen). Les Emirats arabes unis sont, avec l'Arabie saoudite, l'un des piliers de la coalition militaire arabe, qui est intervenue en mars 2015 au Yémen pour tenter de repousser des rebelles chiites, soutenus par l'Iran, qui s'étaient emparés de la capitale Sanaâ et de vastes régions du pays.