Soirées n La corniche Stora, lieu emblématique de la ville de Skikda, s'est transformée durant les veillées de ramadan en une fourmilière, grouillant de vie et d'animation, au grand bonheur des familles. Paradoxalement, à la langueur diurne imprégnée à la ville par la chaleur et le jeûne, une vitalité singulière s'empare de la corniche Stora dès la rupture du jeûne, pour atteindre son paroxysme avec la fin des prières des tarawih. Des familles au complet prennent d'assaut par dizaines, voire par centaines, la corniche, pour surtout se laisser fouetter par la brise marine après une journée chaude et dure. L'ouverture de l'autoroute Est-Ouest a même amené les habitants des wilayas voisines, notamment Constantine et Guelma, à disputer cet espace de fraîcheur et d'animation aux Skikdis. Depuis le début du ramadan 2016, Karima Nouaoui de Constantine, assure s'être rendue à quatre reprises à la corniche Stora, en compagnie de son mari et leurs trois filles. Ils y rencontrent deux autres familles skikdies avec lesquelles ils passent une grande partie de la nuit sur la plage avant de prendre le s'hour puis repartir vers El Khroub (Constantine) vers les coups de 2h00 du matin. «Le trajet du retour nous prend à peine une heure et quart en empruntant l'autoroute», confie cette dame rencontrée en pleine causerie avec ses deux amies, anciennes copines de l'université. Pour Constantine, Skikda est la plus proche ville côtière, note Karim (28 ans) qui affirme s'y rendre avec sept amis originaires tous de la ville de Ain Smara depuis le début du ramadan pour des bains de minuit à Stora. L'autoroute, assure Karim tout sourire, «permet un gain important de temps que nous mettons à profit pour les plaisirs de la mer, de rentrer à temps, faire une petit somme et entamer de bonne humeur une nouvelle journée de jeûne et de labeur». Le long des trois kilomètres de plage de Stora, qui s'étend jusqu'au port de plaisance, les familles se baladent et se reposent sur le sable, entourées de leurs enfants en face de la grande bleue fuyant la chaleur des maisons. Les multiples commerces parsemant ce front de mer et qui lèvent rideau dès la rupture du jeûne proposent des glaces et boissons rafraîchissantes très prisées après une longue journée torride de jeûne. Riadh Souamesse, 45 ans, tient un de ces commerces ayant pignon sur rue. Il affirme rompre le jeûne dans son commerce, question de satisfaire ses clients, dont certains ne lui laissent même pas le temps de vider son assiette de chorba frik, relève-t-il tout sourire. Proposés à des prix compétitifs, ses glaces, sorbets, crèmes glacées et boissons déclinées en de multiples saveurs font le petit bonheur des habitués de Sotra. La sécurité règne sur la corniche Stora, avec la présence parfois visible, et souvent discrète, des agents de police. Moussa 25 ans, policier en civil, veille au grain sur les lieux depuis le début du ramadan. Cela, confie-t-il, ne l'empêche pas pour autant de jouir de la fraîcheur de la brise marine. Pendant que la corniche Stora s'anime toute la nuit, le centre-ville de Skikda, avec son avenue des arcades, prend l'allure d'une cité abandonnée, au point que beaucoup se demandent ce qu'aurait été Skikda sans sa corniche Stora.