Résumé de la 7e partie n L'ogre se remit une troisième fois en campagne et détruisit tous les rosiers de la route, mais les fugitifs lui échappèrent encore. Si fait, répondit la batelière. Ils ont suivi quelque temps le bord, ensuite ils ont pris par la saulaie.» Et, repoussant le rivage de sa rame, elle gagna le large. L'ogre enfila le chemin qu'on lui indiquait et n'y trouva personne. Le soir tombait et notre homme était outré de fatigue. Il retourna chez lui par Cambrai et s'arrêta au Grand Saint-Hubert, pour boire une pinte et jouer une partie de cartes avec son compère Cambrinus. On a beau être père, on n'en est pas moins homme, et un homme rangé ne se couche point sans avoir vidé sa demi-douzaine de canettes. L'ogre en buvait quarante, c'était son ordinaire. En trinquant il conta sa mésaventure à son compère, qui le consola de son mieux. «Ne te fais pas de bile, lui dit-il. Ma filleule ramènera un jour ou l'autre son petit prince par le bout du nez. — Tu crois ? — Parbleu ! Et c'est ta faute, aussi ! Pourquoi as-tu la mauvaise habitude de manger les moutards ? Sans ce malheureux défaut, il y a longtemps que je t'aurais fait une proposition. — Laquelle ? — Voici, fieu. Ma bonne ville de Cambrai est en pleine prospérité et peut se passer de mes services. J'ai donné aux Camberlots la bière et le carillon : rien ne manque à leur félicité, et c'est pourquoi j'ai envie d'aller planter mes choux à Fresnes, mon pays natal. Pour lors, il me faudrait ici un brave homme qui pût me remplacer en qualité de bourgmestre.» L'ogre avait toujours rêvé les honneurs. Il vit tout de suite où voulait en venir son compère, et fut si flatté dans son amour-propre qu'il en oublia complètement les fugitifs. «Et tu as songé à moi ? dit-il. — Oui, mais le diable, c'est ta passion pour la chair fraîche ; on n'osera plus se marier, et cela nuira à la population. — Qu' à cela ne tienne, fieu. Je m'engagerai, s' il le faut, à respecter la marmaille. — Ta parole ? — J'en crache mon filet ! s écria l'ogre en se pinçant sous le menton, ce qui est, pour les gens de chez nous, le serment le plus solennel. — Eh bien ! tope là, fit Cambrinus. Viens manger la soupe dimanche prochain : j'invite les notables et je t'installe entre la poire et le fromage.» A suivre