Résumé de la 2e partie n Le sabotier et ses fils ne revirent plus jamais le juif errant. Il cueillit les plus belles pêches, les déposa soigneusement dans un petit panier et envoya son fils au palais du roi. Le jeune sabotier partit à travers la futaie. En passant près de l'abbaye de la Cambre, à l'endroit qu'on appelle le Trou du Diable, il rencontra une vieille pauvresse toute ratatinée qui ramassait du bois mort. «Qu'est-ce que vous portez donc dans ce panier, mon petit fieu ? lui cria-t-elle. — Des glands à votre service, la vieille ! répondit le gars, qui n'était pas très bien élevé pour un prince en herbe. — Eh bien ! fieu, répliqua la grand'mère, je souhaite que ce soient les plus beaux glands qu'on ait jamais vus.» Le messager se présenta à la porte du palais et, quand il eut dit qu'il apportait des pêches pour le dessert royal, on le conduisit devant le monarque, qui justement était à table. Il ouvrit son panier, et jugez de sa surprise lorsque, au lieu de pêches, il y trouva des glands gros comme des pétotes, ou, si vous le préférez, des pommes de terre. «Godverdom ! pour quelle bête me prend-on ?» s'écria le roi en jetant sa serviette. Le messager n'eut que le temps de détaler et retourna tout courant chez son père. «Eh bien ? dit le sabotier. — On ne m'a pas laissé entrer,» répondit le jeune drôle. Le père, qui le connaissait menteur et gourmand, pensa qu'il avait mangé les pêches, au lieu de les porter au palais. Le lendemain, il en cueillit d'autres et les envoya par son fils cadet. Arrivé au Trou du Diable, le gars rencontra la pauvresse qui lui dit : «Qu'est-ce que vous portez donc là, mon petit fieu ? — Des crapauds qui t'ont vue au sabbat, vieille sorcière, répondit celui-ci, qui était encore plus mal embouché que son aîné. — Eh bien ! fieu, je souhaite que ce soient les plus beaux crapauds qu'on ait jamais vus.» En effet, quand le panier fut ouvert devant le roi, il en sortit d'énormes crapauds qui se mirent à marcher, noirs, gluants, hideux, sur la belle nappe blanche. Le roi, la reine et la princesse se levèrent en poussant un cri d'horreur. Le monarque allongea à l'insolent commissionnaire un grand coup de pied qui l'envoya cogner de la tête un domestique, lequel le repoussa sur un autre, qui le rejeta sur un troisième, et c'est ainsi que, de bourrade en bourrade, le garnement gagna la porte, trop heureux d'en être quitte à si bon marché. A suivre