Résumé de la 4e partie n La chair des belles pêches parut au monarque si parfumée qu'il les expédia toutes sur-le-champ. Quand son assiette fut pleine de noyaux, il s'avisa de la présence de Petit-Pierre. Il le toisa de la tête aux pieds et, fronçant le sourcil : «Qu'est-ce que tu fais là, manneken ?» Vous saurez qu'en flamand manneken, qu'on prononce menneke, veut dire petit homme. «J'attends, sire, répondit le sautériau. — Quoi ? — La récompense que Votre Majesté a promise. — Ah !… comment t'appelles-tu ? — Petit-Pierre. — Et que fais-tu de ton métier ? — Des sabots, sire. — Mais je ne veux pas devenir sabotière ! s'écria la princesse. — Oh ! je changerai d'état, mademoiselle, si le mien vous déplaît. — Et tu apprendras celui de roi ? demanda le monarque. — Oui, sire, pourvu que Votre Majesté veuille bien me l'enseigner. — Eh bien ! fieu, tu vas commencer tout de suite ton apprentissage.» Le roi des Pays-Bas avait le bec plus fin que la conscience délicate. Morceau avalé, comme on dit, n'a plus de goût, et c'est pourquoi il cherchait un prétexte honnête de manquer à sa parole. Il parla à l'oreille d'un valet qui sortit et rentra bientôt avec une manne où se trouvaient douze petits lapins blancs. «Ecoute, manneken, dit-il alors au sautériau, les rois ne sont pas autre chose que des bergers ; mais les hommes, sais-tu, sont plus malaisés à conduire que les moutons. Tu vois ces douze petits lapins. Tu vas les aller paître au bois et si, durant trois jours, tu nous ramènes ton troupeau au complet, c'est que tu as des dispositions pour le métier de roi, et que, plus tard, tu pourras tenir notre houlette.» Un éclat de rire général accueillit ce beau discours. Petit-Pierre vit bien que le monarque se moquait de lui, mais, comme il n'avait point d'autre parti à prendre : «J'essayerai,» fit-il sans se déconcerter, et, tirant sa révérence, il se dirigea vers le bois, suivi du domestique qui portait les lapins. Lorsqu'on fut au Trou du Diable, le valet ouvrit le panier, d'où les lapins s'enfuirent dare-dare dans tous les sens. «Au revoir à vous treize !» dit-il d'un ton goguenard au berger, qui n'eut pas l'air de l'entendre. Petit-Pierre ne s'amusa point à courir après ses bêtes. Il les regarda fuir tout en busiant et, quand la dernière eut disparu, il reprit lentement le chemin de Boschfort. A suivre