CCVII?me nuit (Suite) La mer enfin se troubla, et l?on revit bient?t le roi Saleh qui s?en ?leva avec le petit prince entre les bras, et qui, en se soutenant en l?air, rentra par la m?me fen?tre par laquelle il ?tait sorti. Le roi de Perse fut ravi et dans une grande admiration de revoir le prince Beder aussi tranquille que quand il avait cess? de le voir. Le roi Saleh lui demanda: ?Sire, Votre Majest? n?a-t-elle pas eu une grande peur, quand elle m?a vu plonger dans la mer avec le prince mon neveu? Ah, prince reprit le roi de Perse, je ne puis vous l?exprimer! Je l?ai cru perdu d?s ce moment, et vous m?avez redonn? la vie en me le rapportant. -Sire, repartit le roi Saleh, je m?en ?tais dout?; mais il n?y avait pas le moindre sujet de crainte. Avant de me plonger, j?avais prononc? sur lui les paroles myst?rieuses qui ?taient grav?es sur le sceau du grand roi Salomon, fils de David. Nous pratiquons la m?me chose ? l??gard de tous les enfants qui nous naissent dans les r?gions du fond de la mer; et, en vertu de ces paroles, ils re?oivent le m?me privil?ge que nous avons par-dessus les hommes qui demeurent sur la terre. Par ce que Votre Majest? vient de voir, elle peut juger de l?avantage que le prince Beder a acquis par sa naissance, du c?t? de la reine Gulnare, ma s?ur. Tant qu?il vivra et toutes les fois qu?il le voudra, il lui sera libre de se plonger dans la mer et de parcourir les vastes empires qu?elle renferme dans son sein?. Apr?s ces paroles, le roi Saleh, qui avait d?j? remis le petit prince Beder entre les bras de sa nourrice, ouvrit une caisse qu?il ?tait all? prendre dans son palais, dans le peu de temps qu?il avait disparu, et qu?il avait apport?e remplie de trois cents diamants, gros comme des ?ufs de pigeon, d?un pareil nombre de rubis d?une grosseur extraordinaire, d?autant de verges d??meraudes de la longueur d?un demi-pied et de trente filets ou colliers de perles, chacun de dix. ?Sire, dit-il au roi de Perse en lui faisant pr?sent de cette caisse, lorsque nous avons ?t? appel?s par la reine ma s?ur, nous ignorions en quel endroit de la terre elle ?tait et qu?elle e?t l?honneur d??tre l??pouse d?un si grand monarque: c?est ce qui a fait que nous sommes arriv?s les mains vides. Comme nous ne pouvons t?moigner notre reconnaissance ? Votre Majest?, nous la supplions d?en agr?er cette faible marque, en consid?ration des faveurs singuli?res qu?il lui a plu de lui faire, auxquelles nous ne prenons pas moins de part qu?elle-m?me?. On ne peut exprimer quelle fut la surprise du roi de Perse, quand il vit tant de richesses renferm?es dans un si petit espace.