Soulagement. n L'incendie ayant ravagé la semaine dernière une zone du Parc national de Gouraya, un site emblématique situé sur les hauteurs périphériques nord de la ville de Béjaïa, «n'a pas été aussi grave qu'on le croyait», indique son directeur. Tayeb Kerris précise que par chance les flammes ne s'étaient pas propagées vers la zone orientale. «Le feu aurait pu être dramatique s' il s'était étendu à la zone orientale» où se concentre l'essentiel du couvert végétal, les abris animaliers, le patrimoine archéologique et le port pétrolier à l'extrémité, estime-t-il. «On aurait pu vivre un scénario-catastrophe», lâche-t-il encore sous le coup de l'émotion, mais visiblement rassuré par les derniers rapports de situation qui n'indiquent rien de tragique, hormis l'image anthracite et désolante que reflète l'état de la montagne entièrement consumée. «Les animaux, notamment la colonie des singes magots qui s'y abritent, ont pris le temps de fuir, les habitations riveraines n'ont pas été touchées et les flammes se sont confinées dans une aire peu fréquentée par les touristes. En revanche, la flore tardera à récupérer», explique-t-il en émettant le vœu : «Que cette péripétie serve de leçon pour l'avenir, d'abord par la sensibilisation autour de la préservation des lieux, ensuite par la mobilisation de moyens d'intervention plus conséquents». L'incendie, par-delà l'émotion forte qu'il a suscitée, a donné naissance à une dure polémique sur la célérité des premiers secours à se mettre en place et les moyens engagés. Il a fallu deux heures de temps pour voir le dispositif à l'œuvre, hâté surtout par la Protection civile arrivée avec des renforts des wilayas limitrophes. Les agents, y compris ceux de l'administration du parc, une vingtaine de personnes, et ceux des forêts qui étaient disséminés sur les autres foyers hors Béjaïa, n'ont pu circonscrire le feu, qui, ironie du sort, progressait rapidement à cause des vents forts qui soufflaient alors sur la zone. «Le piquet incendie a été rapidement installé. Mais, avec des effectifs réduits et la dissémination des moyens, dont une partie a été dirigée sur un autre foyer apparu au même moment à la lisière du quartier des 13 martyrs, limitrophe au parc, on a atténué notre force de frappe», se désole M. Kerris qui aurait souhaité que l'on déclenche le plan Orsec et profiter ainsi des moyens d'intervention des entreprises locales, notamment le port et Sonatrach. «On n'a même pas de lances anti-feu, alors que la situation exigeait l'engagement de bombardiers ou de canadairs», déplore-t-il, rendant toutefois un hommage appuyé aux secours qui ont fait l'impossible pour contenir le feu dans sa portion congrue. «Ils ont été formidables. Ils nous ont évité le pire», soupire-t-il soulagé, montrant une photographie d'un sapeur pompier, face aux flammes, se frayant un chemin sur un pic de rocher à 300 mètres d'altitude et tirant péniblement son arrosoir. «Il faut leur tirer un chapeau bien bas», poursuit-il, visiblement remonté «contre ceux qui font la fine bouche».