Une assistance «unie dans la peine et l'effroi» a dit adieu hier mardi au prêtre français égorgé il y a une semaine par deux jihadistes dans son église en Normandie lors d'obsèques solennelles dans la cathédrale de Rouen, sous haute protection policière. L'archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, a salué la présence de représentants des confessions protestante, juive et musulmane parmi quelque 2.000 personnes venues assister à la célébration. Dans son homélie, Mgr Lebrun s'est adressé à ceux qui sont tentés par le jihad. « Vous que la violence diabolique tourmente, vous que la folie meurtrière démoniaque entraîne à tuer (...) priez Dieu de vous libérer de l'emprise du démon. « Nous sommes blessés, atterrés, mais pas anéantis », a ajouté l'archevêque à la communauté catholique. Venir, « c'était un devoir. On est là pour le bon vivre ensemble », témoigne Hassan Houays, musulman et professeur de mathématiques à Saint-Etienne-du-Rouvray. Cet assassinat, chargé de symboles, perpétré par deux jihadistes de 19 ans se réclamant du groupe Etat islamique (EI) a causé un vif émoi en France. Le religieux était connu localement pour son investissement personnel dans le dialogue inter-religieux avec les musulmans de Saint-Etienne-du-Rouvray. Cet attentat, le dernier d'une longue série qui endeuille la France depuis un an et demi, a été commis douze jours après le massacre de Nice (sud-est, 84 morts) perpétré par un Tunisien au volant d'un camion après le feu d'artifice du 14 juillet, sur la Promenade des Anglais. l Les deux responsables de l'attaque, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, qui vivaient à 700 kilomètres de distance et n'ont fait connaissance que quelques jours avant de passer à l'acte via une messagerie cryptée sur internet, ont été tués par la police dans les minutes ayant suivi la prise d'otage. Les représentants de la communauté musulmane de Saint-Etienne-du-Rouvray, où habitait Adel Kermiche, ont annoncé leur refus d'organiser leur inhumation.