Evocation n La rencontre de jeudi, qui a eu lieu à la librairie Chaïb Dzaïr de l'Anep, a été consacrée à un hommage à celui qui fut moudjahid, homme politique, diplomate. Il s'agit de Boualem Bessaïh qui, né en 1930 à El-Bayadh, nous a quittés le 28 juillet dernier à l'âge de 86 ans. Lors de cet hommage, son parcours de militant et de combattant a été évoqué. «Il était à la direction de la documentation et des recherches», raconte Abderrahmane Berrouane, dit «Saphar», ancien membre du Malg dont il dirigeait la direction de la vigilance et du contre-renseignement, à propos de Si Lamine, nom de guerre de Boualem Bessaïh, pendant la Révolution. Et d'ajouter : «On était dans deux services différents mais on avait des contacts quotidiens. J'étais impressionné par sa culture. Il était bilingue, ce qui était très rare à cette époque. Très intelligent, il faisait de l'excellent travail. Mieux, il a réussi à éditer une dizaine de livres.» Lors de cet hommage le parcours littéraire de Boualem Bessaïh a été évoqué. Car Boualem Bessaïh était un intellectuel, un homme de lettres. C'est ainsi que Fouad Bessaïh, le fils du défunt, a tenu à rappeler «la grande place de l'histoire dans la pensée de son père». Et de souligner : «Il glorifiait l'histoire, ça lui arrivait d'être jaloux des autres nations qui font de leur histoire l'étincelle du présent.» Quant à Brahim Romani, universitaire et directeur d'études et de recherche au Conseil constitutionnel, il a dit : «Je l'ai connu au Maroc en 2002. J'étais conseiller chargé des affaires culturelles et politiques. Je travaillais sous sa direction lorsqu'il y était ambassadeur. Je l'ai ensuite accompagné au Conseil constitutionnel qu'il a présidé de 2005 à 2012. J'ai travaillé à ses côtés plus de 10 ans. Je me chargeais de l'activité culturelle et journalistique. J'ai eu l'occasion de lire ses œuvres, c'était un homme de culture émérite, un grand écrivain et poète. Une personnalité riche et un excellent bilingue, qui a contribué fortement à l'histoire de l'Algérie. Il a écrit sur l'Emir Abdelkader, et publié un ouvrage sur les grandes figures de la résistance algérienne, de 1830 à 1954.» Considéré comme «un grand homme au sens propre du terme», celui qui, a-t-on noté, «combinait parfaitement son esprit militantiste, son expérience politique, son ingéniosité diplomatique ainsi que ses capacités créatives», avait une bibliothèque riche de 600 titres. C'est dire que c'était un homme de culture et qui accordait dans sa vie une place de choix au livre. Chose qui a fait de lui «un homme émérite, d'exception». A ce sujet, Brahim Romani dira : «Boualem Bessaïh allait jusqu'au bout de ses idées.» Et de poursuivre : «Il travaillait à un rythme impressionnant. Dès qu'il avait fini ses obligations administratives il se mettait à lire sans arrêt des centaines d'ouvrages. Il a écrit sa merveille ‘Algérie belle et rebelle, de Jugurtha à Novembre', un poème somptueux en seulement trois mois.» Notons que Brahim Romani envisage de réaliser le dernier projet du défunt, à savoir l'édition d'un recueil de poésie, et d'un ouvrage sur son itinéraire qui seront probablement prêts pour le prochain Sila. Boualem Bessaïh est, entre autres, l'auteur de «Feuille de printemps, rose d'automne», un livre dans lequel il retrace l'itinéraire de personnalités historiques comme Fatma N'soumer, cheïkh El-Mokrani, l'Emir Abdelkader, Mohamed Belkhir, Ibn Badis et El-Ibrahimi. Boualem Bessaïh était aussi un passionné de cinéma. Il avait écrit le scénario du film biographique «Cheikh Bouamama» réalisé par Amar Ben Bakhti, du film «l'Emir Abdelkader», pas encore sorti, ou encore de «Cheikh El-Mokrani».