C'est en présence du fils du défunt Boualem Bessaïh, de Brahim Romani, universitaire et directeur d'études et de recherche au Conseil constitutionnel, que la rencontre a eu lieu. Le modérateur, Sid Ali Sekhri, consultant à l'Anep, a expliqué que « la librairie rend un hommage au parcours, notamment littéraire du défunt ». « Il a exhumé deux poètes populaires, Belkhir et Benkeriou, longtemps oubliés », a-t-il fait remarquer. Un homme de culture Brahim Romani a, pour sa part, évoqué sa relation avec Boualem Bessaïh. « Je l'ai connu au Maroc en 2002. J'étais conseiller chargé des affaires culturelles et politiques. Je travaillais sous sa direction lorsqu'il y était ambassadeur », révèle-t-il. Et de poursuivre : « Je l'ai ensuite accompagné au Conseil constitutionnel qu'il a présidé de 2005 à 2012. J'ai travaillé à ses côtés plus de 10 ans. Je me chargeais de l'activité culturelle et journalistique. J'ai eu l'occasion de lire ses œuvres, c'était un homme de culture émérite, un grand écrivain et poète. Une personnalité riche et un excellent bilingue, qui a contribué fortement à l'histoire de l'Algérie. Il a écrit sur l'émir Abdelkader, et publié un ouvrage sur les grandes figures de la résistance algérienne, de 1830 à 1954. » Il a parlé de son dernier livre, « Feuille de printemps, rose d'automne » où il retrace l'itinéraire de personnalités historiques comme Fatma N'soumer, cheïkh El Mokrani, l'Emir Abdelkader, Mohamed Belkhir, Ibn Badis et El Ibrahimi. C'est rare qu'un homme puisse être ancien officier de l'ALN, homme politique, historien, poète et dramaturge. Il conciliait toutes ces fonctions d'une manière extraordinaire. « Juste avant sa disparition, il a pris part en juin dernier à un colloque international en Russie, autour de la vision stratégique de la relation entre la Russie et le monde musulman », a-t-il ajouté. Roumani envisage de réaliser le dernier projet du défunt, l'édition d'un recueil de poésie, et d'un ouvrage sur son itinéraire qui seront probablement prêts pour le prochain Sila. Le fils de Boualem Bessaïh était ému. « Il est très difficile de témoigner sur le parcours de mon père. Il était correct, serein, pointilleux, ponctuel et rigoureux. Il exigeait de nous l'ordre. Il n'aimait pas lorsqu'on ne complétait pas nos phrases, et nous demandait d'aller jusqu'au bout de nos idées. Il n'aimait pas lorsqu'on touchait à ses livres, et s'enfermait souvent des jours entiers dans son bureau pour écrire », a-t-il relevé. Il dira que son père dispose d'une riche bibliothèque, avec 600 titres ramenés d'Egypte. Il avoue préférer « Etendard interdit », traduction de la poésie de Mohamed Belkhir. Abderrahmane Berrouane, dit « Saphar », ancien membre du MALG dont il dirigeait la Direction de la vigilance et du contre-renseignement, a côtoyé Si Lamine, nom de guerre de Boualem Bessaïh, pendant la Révolution. « Il était à la direction de la documentation et des recherches. On était dans deux services différents mais on avait des contacts quotidiens. J'étais impressionné par sa culture. Il était bilingue, ce qui est très rare à cette époque. Très intelligent, il faisait de l'excellent travail. Mieux, il a réussi à éditer une dizaine de livres », a-t-il souligné.