Résumé de la 86e partie n Erich avait raison, comme d'habitude et Jenny se sentit soudain extrêmement lasse ; la nausée la reprenait. Il ne la suivit pas. Elle jeta un coup d'œil dans la chambre des filles. Elles s'étaient vite endormies. Tina se retourna lorsque Jenny l'embrassa. Elle entra dans sa chambre. La légère odeur de pin qui flottait toujours dans la pièce lui parut plus forte ce soir. Est-ce parce qu'elle avait la nausée ? Son regard se posa sur la coupe de cristal. Demain, elle la porterait dans l'une des chambres d'amis. Oh ! Erich, reste ici cette nuit, pria-t-elle en elle-même. Ne t'en va pas sur cette impression. Et si Kevin se mettait à les importuner de coups de téléphone ? S'il s'opposait à l'adoption ? S'il obtenait le droit de venir les voir régulièrement ? Erich ne le supporterait pas. Leur couple n'y survivrait pas. Elle se mit au lit et ouvrit résolument son livre. Mais il lui fut impossible de se concentrer. Elle avait les paupières lourdes, le corps douloureux à des endroits inaccoutumés. Joe l'avait prévenue que l'équitation lui donnerait des courbatures. «Vous découvrirez des muscles dont vous ignoriez l'existence», avait-il dit en souriant. Elle finit par éteindre la lumière. Un peu après, elle entendit des pas dans le couloir. Erich ? Elle se souleva sur un coude, mais les pas montèrent jusqu'au grenier. Qu'allait-il faire là-haut ? Elle l'entendit descendre quelques minutes plus tard. Il traînait quelque chose. Cela faisait un bruit sourd à chaque marche. Que fabriquait-il ? Elle allait se lever pour en avoir le cœur net quand elle entendit des bruits au rez-de-chaussée, des bruits demeubles que l'on déplaçait. Bien sûr, pensa-t-elle. Erich était monté chercher le carton des rideaux. A présent, il remettait les meubles à leur place initiale. Le lendemain matin, lorsque Jenny descendit, les rideaux étaient aux fenêtres ; table, chaises et bibelots avaient retrouvé leur place et ses plantes s'étaient volatilisées. Elle les retrouva plus tard dans la poubelle derrière l'étable. Jenny refit lentement le tour des pièces du rez-de-chaussée. Erich avait remis à leur place exacte la moindre lampe, le moindre vase, le moindre tabouret. Il avait même retrouvé l'affreuse chouette tarabiscotée qu'elle avait fourrée dans un petit meuble de rangement inutilisé au-dessus du poêle. Certes, elle s'était attendue à une réaction de sa part, néanmoins le rejet absolu de ses désirs et de ses goûts la bouleversa. Elle se fit une tasse de café et retourna se coucher. Frissonnante, elle remonta les couvertures et se renversa sur ses oreillers. Une autre journée froide et lugubre s'annonçait. Le ciel était gris et chargé ; un vent brutal ébranlait les volets. Le 8 mars, jour des trente-cinq ans d'Erich, de l'anniversaire de la mort de Caroline. Au dernier matin de sa vie, Caroline s'était-elle réveillée dans ce lit, le cœur brisé à l'idée de quitter son unique enfant, ou seulement impatiente de quitter cette maison ? La tête lourde, Jenny se passa la main sur le front. A suivre