Résumé de la 32e partie n «J'ai plus de facilité à peindre mes sentiments qu'à les exprimer» dit Erich. A droite, elle va jusqu'au lac Gray. A gauche, elle s'étend irrégulièrement. Les bois occupent près de soixante-dix hectares à eux seuls ; ils se terminent aux abords de la rivière qui descend vers le Minnesota. Maintenant, regarde, tu peux voir quelques-uns des bâtiments de la ferme. Voici les nourrisseurs où les bêtes viennent s'alimenter durant l'hiver. Plus loin, tu peux voir la grange, les écuries et le vieux moulin. Après le tournant, tu apercevras le côté ouest de la maison. Elle est située sur ce tertre.» Jenny pressa son visage contre la vitre. Pour l'avoir vue en arrière-plan sur quelques toiles d'Erich, elle savait qu'une partie de la maison était en brique rouge pâle. Elle s'était imaginé une ferme ressemblant aux lithographies de Currier and Ives. Rien dans les descriptions d'Erich ne l'avait préparée à la vue qui s'offrait à ses yeux. Même de côté, la maison donnait l'apparence d'un véritable manoir. De vingt-cinq à trente mètres de long, elle s'élevait sur deux étages. La lumière ruisselait des grandes fenêtres élégantes du rez-de-chaussée. Le toit et les pignons brillaient sous la lune, blancs diadèmes éblouissants. Les champs luisant comme des manteaux d'hermine sous la neige encadraient l'édifice dont ils rehaussaient l'harmonie des lignes. «Erich ! — Tu l'aimes ? — Si je l'aime ? Erich, c'est une splendeur ! Elle est deux fois, cinq fois plus grande que je ne l'imaginais. Pourquoi ne m'as-tu pas prévenue ? — Je voulais te faire la surprise. J'avais recommandé à Clyde de tout allumer pour ton premier coup d'œil. Je vois qu'il m'a pris au mot.» Jenny regarda de tous ses yeux, avide de retenir chaque détail à mesure que la voiture longeait lentement la route.Une véranda en bois peinte en blanc soutenue par de fines colonnes partait de l'entrée latérale jusqu'à l'arrière de la maison. Jenny reconnut le décor de Souvenir de Caroline. Elle y retrouva même la balancelle du tableau, seule à meubler la véranda. Le vent la faisait doucement osciller d'avant en arrière. La voiture tourna à gauche et franchit les grilles ouvertes d'un portail. Sur les montants, un panneau éclairé par des torchères indiquait «Ferme Krueger». Ils suivirent l'allée qui serpentait au milieu de champs enneigés. A leur droite commençaient les bois, épaisse forêt d'arbres aux branches nues et squelettiques sous lalune. La voiture contourna la maison et s'arrêta dans l'allée devant un large perron en pierre. Massive, très ornée, la porte à double battant était éclairée par une imposte cintrée. Joe s'empressa d'ouvrir la portière du côté de Jenny. Erich lui tendit prestement Tina endormie. «Portez les enfants à l'intérieur, Joe»,ordonna-t-il. Prenant Jenny par la main, il monta à la hâte les marches du perron et ouvrit la porte en grand. Il marqua un temps d'arrêt, la regarda dans les yeux. A suivre