Constat n L'Algérie jouit d'un paysage linguistique riche et diversifié. Son expérience en la matière est, de l'avis des spécialistes, unique, voire exceptionnelle. Et pour certains, cela lui confère une situation singulière. C'est un modèle, une référence remarquée et incontestée. Outre l'arabe dialectal (un parler nuancé d'une région à l'autre) et l'amazigh, qui se distingue dans ses différentes variantes, le paysage linguistique algérien s'est vu greffer une autre forme langagière, le français. Même si cette langue s'est d'une certaine manière imposée dans un contexte colonial, elle est considérée comme un acquis, une richesse. Comme l'avait si bien dit Kateb Yacine : «Le français est butin de guerre.» Le français, de loin comme de près, est intégré dans nos habitudes linguistiques, puisque dans certaines situations langagières, des mots français sont passés au dialectal, voire carrément algérianisés, tandis que dans d'autres, des vocables arabes (classique ou dialectal) ont, d'une expérience à l'autre, été francisés. C'est dire que l'Algérie se présente comme un pays historiquement riche d'un point de vue linguistique. A ce sujet, une conférence a eu lieu à l'Institut Cervantès d'Alger (Centre culturel espagnol), portant sur l'engouement des Algériens pour les langues étrangères. Prenant la parole, Raquel Romero, directrice de l'Institut, a mis l'accent sur l'intérêt croissant de la langue espagnole en Algérie. Elle a souligné que de plus en plus d'Algériens expriment leur désir de s'initier à la langue espa-gnole ou bien, pour d'autres, d'approfondir leurs connaissances linguistiques. «Parmi les dizaines d'instituts Cervantès partout dans le monde, le centre d'Alger se classe en cinquième position, devançant des pays où la langue espagnole est vraiment présente. La bibliothèque du centre a été classée en première position en 2013, cela dénote le grand intérêt que portent les Algériens à la lecture, d'abord, et à la langue de Cervantès», a-t-elle souligné. Pour sa part, Maria Battaglia, directrice du Centre culturel italien, a fait savoir que ce dernier (le Centre culturel italien) propose, outre aux amateurs de la langue italienne, aux bacheliers algériens en mention langue italienne, des formations pour consolider leur niveau linguistique et développer leurs capacités langagières. Le Centre culturel italien propose aussi «des cycles de formation en Italie pour les mieux classés», a-t-elle noté. Par ailleurs, Maria Battaglia a annoncé qu'une nouvelle mesure a été prise par le ministère des Affaires étrangères italien. Cette dernière consiste à «promouvoir la langue italienne en payant des bourses d'études en Italie aux jeunes diplômés algériens en langue italienne». De son côté, Rita Toussaint, directrice de Goëthe Institut (Centre culturel allemand), a déclaré que l'allemand suscite de plus en plus l'intérêt des Algériens. «Notre Institut se met au diapason avec la forte demande de formation en Allemagne», a-t-elle noté, et de renchérir : «Beaucoup d'étudiants algériens continuent leurs études dans les campus allemands et d'autres bénéficient de formations spécifiques dans différents domaines, dont la médecine. Nous avons adapté nos programmes en cours intensifs, super intensifs et académiques, afin de rompre avec l'idée reçue que l'allemand est une langue difficile.» Par ailleurs, le directeur de l'Institut culturel français d'Alger, Jean-Jacques Beucler, a expliqué que de nombreux algériens, dont le nombre est en croissance constante, désirent perfectionner et enrichir leur français. C'est dire que l'Algérien aime les langues, et, à travers ces dernières, il s'ouvre davantage aux cultures étrangères.