Rassemblement n La Première ministre, Theresa May, réunit ses troupes à partir de dimanche à Birmingham pour le congrès annuel du Parti conservateur, qui sera dominé par la question que tous les Britanniques se posent : quel est son plan pour le Brexit ? Quelque cent jours se sont écoulés depuis le vote des Britanniques en faveur d'une sortie de l'Union européenne et le mystère plane toujours sur les intentions de la chef de l'Exécutif. Seule certitude, l'article 50 du Traité de Lisbonne, qui lance la procédure de divorce avec l'UE, ne sera pas activé avant la fin de l'année, a-t-elle signifié, sans plus de précision, mais en songeant certainement aux collisions possibles avec les élections prévues au printemps en France, puis à l'automne en Allemagne. Pour le reste, c'est le grand flou. Le maintien dans le marché unique ? Le contrôle de l'immigration, réclamé par les électeurs du Brexit ? Autant d'interrogations pour l'instant sans réponse, au grand dam d'une Union européenne confrontée à la pire crise de son histoire, entre montée des populismes et de l'eurosceptiscime, afflux des migrants et incertitudes économiques. Prudente, Theresa May temporise et répond à ceux qui s'interrogent sur sa stratégie qu'elle ne fera pas de «commentaires au jour le jour» sur le dossier. A Birmingham, Theresa May devra trouver les mots pour rassembler des tories divisés, jusqu'au sein de son gouvernement, quant à l'orientation à donner à la sortie de l'UE. Avec, d'un côté, les partisans d'un «Brexit allégé», prêts à rester dans le marché unique et à laisser la porte entrouverte aux immigrants européens, et, de l'autre, les tenants d'un «Brexit dur», soit une rupture nette, rapide, une immigration jugulée et la sortie du marché unique. Reste que la Première ministre risque de trouver ces divisions et autres contrariétés bien douces au regard de ce qui l'attend quand elle devra effectivement mettre en œuvre la sortie du giron européen, une tâche titanesque aux innombrables répercussions. Au congrès des tories à Birmingham, «Theresa May devrait monter en scène avec une idée en tête : la destruction du Labour», conseille James Frayne, du groupe de réflexion Policy Exchange, sur le blog conservateur Conservative Home. «Son discours devrait marquer le début d'un processus pour dominer complètement la vie politique, en poussant le Labour dans la marginalité, au côté des Libéraux-Démocrates. Ils n'ont plus rien à voir avec la vie des gens ordinaires», assène-t-il. De fait, Theresa May a repris à son compte le vocabulaire compassionnel de la tradition du conservatisme social du «One-nation», qui se veut inclusif de toutes les classes sociales dans un projet commun, un concept forgé au XIXe siècle par le Premier ministre, Benjamin Disraeli. Remis au goût du jour, cela veut dire : réoccupons l'espace laissé vide par une opposition qui semble plus éloignée du pouvoir que jamais. Le Labour peine à répondre à l'offensive de charme de Theresa May, à laquelle les électeurs font plus confiance qu'à Jeremy Corbyn pour garantir le système de santé, réduire l'immigration et conclure de nouveaux accords commerciaux après le Brexit, selon un sondage de Britain Thinks paru le 22 septembre.