Le radical Jeremy Corbyn a été réélu samedi à la tête du Parti travailliste britannique. Il l'a facilement emporté face à la fronde des parlementaires modérés qui estiment qu'il n'est pas en mesure de conduire la formation d'opposition à la victoire électorale. Sa réélection laissant entière la fracture entre la base et l'appareil du parti travailliste. Le leader de la gauche s'est imposé avec 313 209 voix contre 193 229 à son rival Owen Smith. Réélu avec 61,8% des voix, le militant anti-austérité et pro-immigration de 67 ans a augmenté de plus de 2 points son score de l'an dernier. Il renforce son emprise sur un parti profondément divisé depuis le référendum du 23 juin qui a vu le succès des partisans d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Ce succès devrait se traduire par une inflexion à gauche des orientations politiques du Labour. Une partie des travaillistes considèrent cette option comme un handicap pour la reconquête du pouvoir. Les frondeurs font valoir que cette orientation stratégique va laisser le champ libre aux Conservateurs de la Première ministre Theresa May pour négocier le divorce entre Londres et Bruxelles. Réel changement Corbyn a obtenu un soutien plus large que lors de son élection à la tête du parti l'an passé. Il a appelé les parlementaires et les militants à collaborer ensemble afin d'apporter un "réel changement" face à la politique des conservateurs. "Les élections sont passionnées et souvent une question partisane. Des choses sont dites dans le feu du débat que parfois on regrette plus tard", a déclaré Jeremy Corbyn lors de la conférence annuelle du Labour à Liverpool. "Mais souvenez-vous que nous avons plus de choses en commun que de choses qui nous divisent au sein de notre parti", a-t-il poursuivi. "Remettons les compteurs à zéro et poursuivons ensemble le travail que nous devons accomplir en tant que parti", a-t-il dit, optant pour un ton conciliant destiné à apaiser les tensions et divergences entre l'aile gauche et l'aile droite du parti. Brexit: Londres compte activer l'article 50 début 2017 Le gouvernement britannique compte activer l'article 50, qui enclenchera formellement le divorce avec l'Union européenne, au début 2017, a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson. Nous discutons avec nos amis et partenaires européens dans l'objectif d'envoyer la lettre de l'article 50 au début de l'année prochaine, a déclaré Boris Johnson à la chaîne Sky News depuis New York, où il assistait à l'assemblée générale de l'Onu. La Première ministre britannique Theresa May avait déclaré jusqu'ici que son pays ne déclencherait pas cet article avant la fin de l'année, laissant sous-entendre que cela n'aurait pas lieu avant 2017. Le déclenchement de cet article est un préalable au démarrage des discussions entre Londres et l'UE sur les conditions de sortie du Royaume-Uni de l'UE et sa future relation avec les 27 Etats restants, censées durer deux ans. Mais M. Johnson, qui a été l'un des hérauts du Brexit, estime que deux années ne seront pas forcément nécessaires. Dans notre lettre, nous exposerons certains paramètres sur la manière dont nous voulons avancer, a-t-il dit, ajoutant: je ne pense pas que nous aurons nécessairement besoin de deux année pleines, mais attendons de voir comme cela se passe. Depuis le vote des Britanniques pour sortir de l'UE lors d'un référendum le 23 juin, plusieurs responsables européens ont appelé le gouvernement britannique à enclencher rapidement l'article 50 pour lever l'incertitude qui pèse sur l'avenir de l'UE, sans succès. A Londres, la Première ministre britannique a reçu en fin d'après-midi le président du parlement européen Martin Schulz qui l'appelée à enclencher cet article le plus rapidement possible. Cette période de préparation est précieuse pour toutes les parties concernées et si nous allons quitter l'Union européenne, nous ne quittons pas l'Europe, a dit Mme May en accueillant M. Schulz à Downing Street. Et nous souhaitons que l'UE reste forte et avoir une relation étroite avec elle, ce qui je pense sera dans l'intérêt des deux, a-t-elle ajouté. De son côté M. Schulz a déclaré que le Parlement européen souhaite le déclenchement le plus tôt possible de l'article 50, qui est une pré-condition pour ouvrir les négociations, dans un communiqué publié avant la rencontre. Il a également souligné qu'il allait aussi répéter à Mme May que les quatre liberté du marché unique (européen) -biens, capitaux, services et personnes- sont d'égale importance. Mais Boris Johnson a rejeté l'idée que le Royaume-Uni devra continuer à respecter la liberté de circulation des travailleurs européens s'il veut continuer à avoir accès au marché unique. Ils veulent nous faire croire qu'il y a une contrepartie automatique entre ce qu'ils appellent accès au marché unique et liberté de mouvement. Ce sont des bobards, a-t-il affirmé. Les deux choses n'ont rien à voir. Nous devons obtenir un accord de libre-échange tout en reprenant le contrôle de notre politique d'immigration, a-t-il ajouté. Nawal Z.