L'influence du footballeur algérien est de plus en plus grande dans la prise de décisions dans son club. Son pouvoir est immense, au point de porter un jugement sur l'équipe. En l'espace d'une semaine, notre sport-roi a vécu deux situations similaires, avec les mêmes conclusions : des joueurs congédiant leur coach. L'entraîneur est plus que le maillon faible, à cause des égos des joueurs… soutenus par des dirigeants complices ! Lors de son passage en Algérie, il y a une saison et demi, l'ancien joueur international brésilien du Paris Saint-Germain, adjoint d'Artur Jorge alors entraîneur du Mouloudia d'Alger, Valdo, nous confiait son grand étonnement au bout de quelques mois de travail dans notre championnat : «Je n'ai jamais vu à travers toute ma carrière de joueur et de coach, des joueurs avoir autant de pouvoirs comme c'est le cas chez vous, en Algérie.» Le Brésilien ne s'est finalement pas trompé quand on constate ce qui se passe tous les jours dans nos clubs, à commencer par ceux appelés pompeusement «professionnels», alors qu'ils n'ont de professionnel que le titre faussement étiqueté par les instances qui gèrent la «baballe» chez nous. Nous serions tenté de dire que, dans nos clubs et à quelques exceptions près, lorsque les joueurs vont, tout va. Surtout après que ces employés, pas forcément modèles, aient franchi le Rubicon en exigeant désormais le départ de leur entraîneur. En l'espace d'une semaine, le football algérien a vécu deux situations ahurissantes, inimaginables il y a quelques années : des joueurs congédiant leur coach ! En effet, après l'épisode - une première - au sein de l'équipe nationale, où des footballeurs professionnels ont «demandé» au président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, de ne plus travailler avec le sélectionneur serbe Milovan Rajevac, démissionné depuis, hier c'était au tour de la JS Kabylie de se séparer de son entraîneur à cause des joueurs. Ces derniers se sont plaints auprès de leur président des méthodes de travail de leur entraîneur Kamel Mouassa, de ses choix tactiques et de son comportement avec eux. Vexé par le fait de se retrouver seul à la séance d'entraînement, alors que les joueurs étaient en même temps en réunion avec leurs dirigeants, Mouassa, hier adulé et qualifié de sauveur, a préféré démissionner sans préavis ni indemnités de départ. Une gifle à un club qui, faut-il le souligner, a perdu de sa superbe. Et combien semble très lointain l'ère du président défunt Boussad Benkaci et surtout le duo éternel Mahieddine Khalef-Stefan Zywotko, dont la cohabitation a duré douze ans ! Ô que tout ça est loin ! Aujourd'hui, des joueurs pourris par l'argent depuis l'avènement du faux professionnalisme et de la perte des valeurs, sont devenus puissants au point non seulement de décider de l'issue d'un match, mais de l'avenir d'un club. L'entraîneur, lui, est devenu plus qu'un maillon faible, juste un prétexte pour compléter le décor. D'ailleurs, des voix ici et là estiment que certaines équipes peuvent fonctionner sans entraîneur. Surtout depuis que des présidents ont outrepassé leurs missions et prérogatives, décidant de la composition de l'équipe le jour du match - Hugo Broos, l'actuel sélectionneur du Cameroun peut toujours témoigner de son aventure avec le sieur Hannachi -, du recrutement des joueurs et de tout ce qui bouge au sein du club. Des dirigeants qui se sucrent au passage sur le dos des joueurs ou avec leur complicité, c'est une autre dérive de notre football qui affaiblit n'importe quel staff technique et donne davantage de pouvoir à ces mêmes joueurs. A. Salah-Bey l D'ailleurs, il n'est pas étonnant et cela n'a choqué personne lorsqu'un joueur du MC Alger, en l'occurrence Sid-Ahmed Aouedj, a été pris en photo à la une d'un quotidien sportif assis sur les genoux de son… président ! Les entraîneurs algériens affaiblis, réduits à des faire-valoir, subissent sans vraiment broncher ce diktat et ce système. Certains, jouissant d'une personnalité plus trempée et ayant des principes, préfèrent se retirer à chaque fois, alors qu'il s'agit également de leur métier et de leur gagne-pain. Sans citer des noms, car la liste risque d'être longue, les entraîneurs peuvent témoigner de leur calvaire et des situations humiliantes qu'ils subissent à cause de la connexion président-joueurs, où chaque partie tient l'autre autour d'intérêts mercantiles, loin des principes du vrai football, du spectacle qu'il peut produire et dividendes qu'il génère. A. S-B EN Rajevac souhaite «le meilleur» à l'Algérie l Nommé sélectionneur de l'Algérie en juin dernier après le départ de Christian Gourcuff, Milovan Rajevac (62 ans) n'aura passé que trois mois - pour deux matches officiels - à la tête des Fennecs. Démis de ses fonctions le 11 octobre, le Serbe a accepté de s'exprimer brièvement sur son départ, consécutif à un nul (1-1, à Blida), face au Cameroun, lors de la première journée des éliminatoires du Mondial 2018. «C'est derrière moi, c'est du passé maintenant, a-t-il dit à L'Equipe. On a décidé de prendre des chemins différents, d'une façon cordiale. La résiliation mutuelle du contrat était la meilleure option. Je leur ai souhaité le meilleur et moi, je suis prêt pour un nouveau défi». Dans un entretien accordé à l'ENTV au lendemain du départ de Rajevac, le président de la Fédération, Mohamed Raouraoua, avait évoqué une «relation difficile» entre l'ex-sélectionneur et ses joueurs-cadres, expliquant qu'un «débat un peu chaud» s'était déroulé dans le vestiaire après le nul à domicile face au Cameroun. Schalke 04 Bentaleb dans l'histoire de la Bundesliga l L'international algérien de Schalke 04, Nabil Bentaleb, est entré dans l'histoire en marquant le premier but validé par la technologie sur la ligne contre Augsbourg (1-1) samedi lors de la rencontre de la septième journée du championnat d'Allemagne de première division. Son tir puissant a heurté la barre puis rebondi derrière la ligne de but avant de ressortir. La vidéo a permis de valider le but. A la faveur de ce nul en déplacement, Schalke 04 est remonté à la 15e place avec quatre points. Le milieu algérien, suspendu, avait manqué la dernière sortie des Verts contre le Cameroun (1-1) le 9 octobre au stade Mustapha-Tchaker de Blida en match de la première journée des qualifications du Mondial-2018. Il devrait effectuer son retour à l'occasion de la prochaine rencontre contre le Nigeria le 12 novembre à Uyo. R. S. West Ham La lettre de Feghouli aux Algériens l Le match nul face au Cameroun continue de susciter des réactions. Ainsi, le milieu de terrain des Verts, Sofiane Feghouli, vient de réagir à travers sa page facebook après avoir été cité dans l'affaire du départ de l'entraîneur Milovan Rajevac. Le Hammer s'est certainement senti visé par les propos de certains spécialistes, ce qui l'a poussé à sortir de sa réserve. Il qualifie ceux qui tirent sur lui de «colporteurs de rumeurs» et qu'ils se trouvent «en manque de reconnaissance. «Ils ont un problème avec ceux qu'ils appellent les binationaux ou plus insultant ‘l'émigré'», a-t-il indiqué, avant d'ajouter : «Ils refusent de voir l'apport exceptionnel qu'ont eu ces joueurs sur l'EN en s'investissant sérieusement, fièrement pour l'Algérie». Très touché par les insultes, Feghouli n'a pas accepté d'être traité de «voyou, de racaille, de star à l'égo surdimensionné et je ne parle pas des insultes. On tente de me salir ainsi que mes frères de la sélection», regrette-t-il. Malgré cette campagne de dénigrement, il assure que cela n'affectera en rien sa détermination à toujours donner le maximum pour l'équipe nationale. «Nous donnerons tout pour nous qualifier pour la Coupe du monde et aller le plus loin possible à la CAN-2017». Pour Feghouli, l'équipe nationale est sacrée et elle n'appartient ni à Feghouli, ni à Brahimi, ni à Mahrez, ni à aucun joueur. Elle appartient au peuple algérien. Enfin, il réfute l'existence de clans au sein de la sélection et réitère son engagement à faire le maximum pour donner de la joie au peuple algérien. «Nous avons une génération unique, certains disent même historique, qui forme un seul clan. Elle mouille le maillot, joue en général un football séduisant et donne du bonheur à tout le pays et même au-delà... Nous ne lui voulons que du bien et ce qui nous motive le plus est de voir la joie du peuple algérien. Je ne laisserai personne remettre en cause mon attachement ou celui de mes frères de sélection à notre pays et à notre équipe», a-t-il écrit dans une lettre intitulée : «A mes Algériennes et mes Algériens». Dj. O. Olympique Lyonnais Aulas dément avoir empêché Ghezzal de jouer l Le président de l'Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas a nié avoir empêché Rachid Ghezzal de jouer pendant les trois premières journées de Ligue 1, expliquant l'absence de ce joueur par une blessure. La sortie médiatique du premier responsable lyonnais est venue en réaction à un article de L'Equipe publié la veille et dans lequel le journal sportif a affirmé que l'entraîneur des Gones, Bruno Génésio a été «obligé d'attendre le feu vert du président Jean-Michel Aulas lors de la 4e journée pour pouvoir aligner Ghezzal», qui à ce moment-là était en pleine polémique avec ses employeurs concernant la prolongation de contrat. Dans cet article, L'Equipe était en effet revenu sur le début de saison l'OL, avec entre autres ce bras de fer entre le jeune international algérien et ses dirigeants concernant la prolongation de son bail, laquelle n'est d'ailleurs toujours pas intervenue. «Pourquoi dire que le feu vert pour Ghezzal est venu du président à la 4e journée ? Vous savez très bien que Rachid était blessé», a précisé le président lyonnais, mécontent qu'on lui prête de telles intentions concernant la composition de l'équipe. R. S.