Résumé de la 6e partie n Joss n'est pas mort, mais Ernie le croit, c'est l'essentiel, et immédiatement Phyllis profite de la nouvelle situation. Elle referme la porte, et regarde le médecin droit dans les yeux, pourvu qu'il ne discute pas ! S'il obéit, s'il fait vite, elle évitera un nouvel otage, un nouveau drame. La main puissante d'Ernie s'est crispée sur son bras, elle le sent à la dérive. Quant au médecin il ouvre la bouche pour protester, mais elle parle avant lui : «Docteur, je ne vous ai pas téléphoné, mon téléphone est coupé, ce garçon est un ami, il a besoin d'une piqûre de ça. Je lui ai dit que vous la lui feriez et qu'en suite il pourrait prendre ma voiture et s'en aller, vous comprenez ?» Le médecin, un jeune interne d'une trentaine d'années, la regarde avec intensité. Phyllis continue, sans quitter ses yeux : «C'est une piqûre pour dormir debout, vous savez ? Ernie en a besoin. Allez, Ernie, assieds-toi, donne ton bras au médecin.» Le médecin semble avoir compris qu'il se passe quelque chose de grave, et qu'il doit faire ce qu'on lui dit, mais il hésite encore. Et c'est Ernie lui-même qui le décide par l'absurdité de sa demande : «Elle aussi elle aura une piqûre, avant comme ça je suis tranquille.» Phyllis hoche la tête, et s'assoit sur une chaise, son regard ne lâche pas celui du jeune médecin. Il lui parle, silencieusement, impérativement. Alors l'interne ouvre un placard de verre, s'empare d'une seringue, examine les boîtes que lui tend Phyllis ; le nom du produit, la dose, puis il casse une ampoule, remplit la seringue, met un garrot, et se tourne vers Phyllis qui bat des cils en signe de remerciement. La piqûre est rapide, une drôle de chaleur l'envahit. Elle regarde le médecin changer d'aiguille, refaire l'opération, et s'approcher d'Ernie. Elle a encore le temps de remarquer que la seringue est encore emplie du liquide de la prémière ampoule, lorsqu'il aspire le contenu de la seconde. Elle se dit : «Il ne m'a injecté qu'une faible dose. Il va mettre le maximum à Ernie.» Ernie grimace encore, puis son visage se détend, il sourit, il sort le revolver de sa poche, de sa main libre, et le pose sur ses genoux, avec tranquillité. Stupéfait, le médecin considère l'arme, et le colosse, dont la tête s'incline doucement, doucement, dont les yeux se ferment, et qui tombe comme une masse, enfin, au bout de cinq longues minutes. Phyllis, elle, tient le coup, encore sur un petit nuage, elle parle sans le réaliser vraiment : «Mon frère, dans la voiture... il l'a blessé... une Morris, à droite sur le parking... prévenez la police... il a tué Jeffrey... chez moi, l'adresse, dans mon sac...» Et elle s'évanouit, avec une volupté et un soulagement indicibles, pour se réveiller dix minutes plus tard, vaseuse mais lucide. Car Phyllis March n'est pas une femme comme les autres. Elle a continué son métier avec obstination, en déclarant : «Ernie a tué sous mon toit. C'est un échec, mais ce doit être le dernier.» Un échec ? En ce qui la concerne, sûrement pas.