La Russie et la Turquie continuent d'enquêter sur le spectaculaire assassinat de l'ambassadeur russe à Ankara. Ce meurtre est survenu en plein réchauffement des relations entre la Turquie et la Russie qui, opposées sur le dossier syrien, ont toutefois parrainé une trêve ayant permis d'entamer l'évacuation de la partie est d'Alep tenue par les rebelles. Les dirigeants des deux pays ont dénoncé une «provocation» visant à saboter leurs liens. «Nous ne permettrons absolument pas que nos relations avec la Russie se dégradent», a assuré hier mardi le président turc Recep Tayyip Erdogan. Fait inédit, la Turquie a accepté la participation aux investigations de 18 enquêteurs russes, dépêchés par Moscou et qui ont pris part à l'autopsie du corps d'Andreï Karlov à Ankara. «Nous devons savoir qui a guidé la main du tueur», a déclaré le président Vladimir Poutine, qui a ordonné aux services secrets russes de renforcer les mesures de sécurité en Russie et à l'étranger. Six proches du tireur, dont ses parents et sa sœur, étaient en garde à vue mardi à Aydin, ville de l'ouest de la Turquie, selon l'agence de presse Dogan. La dépouille de l'ambassadeur a été rapatriée dans un avion russe, arrivé dans la soirée à Moscou, en provenance d'Ankara. Sa veuve a été accueillie à Moscou par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et par son homologue turc, tandis qu'un hommage militaire était rendu. L'assassinat s'est produit dans le quartier des ambassades, soulevant la question de la sécurité dans le cœur de la capitale turque, déjà secouée cette année par plusieurs autres attentats et, en juillet, par un coup d'Etat manqué. Hier mardi avant l'aube, un homme a tiré des coups de feu devant l'entrée de l'ambassade américaine, avant d'être arrêté. Personne n'a été blessé. Les Etats-Unis ont annoncé la fermeture de toutes leurs représentations diplomatiques en Turquie hier mardi. A Ankara, les autorités ont déployé des policiers supplémentaires et des camions équipés de lances à eau pour renforcer la sécurité autour de l'ambassade de Russie, a rapporté Anadolu. Offensive contre Merkel l Survenu lundi soir dans un lieu très touristique, cet attentat a conduit les populistes de droite à renouveler leur offensive contre la chancelière Angela Merkel, l'accusant, à moins d'un an des législatives, d'avoir mis le pays en danger avec sa politique migratoire. Pour Frauke Petry, patronne de l'AfD, «l'Allemagne n'est plus sûre» face «au terrorisme de l'islamisme radical» depuis que la chancelière a ouvert le pays à l'été 2015 à 900 000 migrants fuyants, guerre et misère. Environ 300 000 supplémentaires sont arrivés en 2016. Des accusations que le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière a jugé «odieuses» sur le site de Bild hier soir. Minute de silence et recueillement l Partout dans le pays, les drapeaux des bâtiments publics ont été mis en berne. Mme Merkel s'est rendue dans l'après-midi avec certains ministres sur les lieux du drame pour participer à une minute de silence et parcourir le site recouvert de débris. Dans la soirée, elle et une partie de son gouvernement ont participé à une cérémonie dans l'église voisine du marché de Noël. La porte de Brandebourg a été illuminée dans la soirée aux couleurs de l'Allemagne et de Berlin. Une minute de silence sera observée mardi et mercredi dans tous les stades de la Bundesliga, le championnat de football. Le carnage s'est déroulé au pied de l'église du Souvenir, monument phare de l'ouest de la capitale allemande au clocher éventré par les bombardements de la Deuxième guerre mondiale. Le camion, pare-brise détruit par les chocs, a été enlevé mardi matin. Le poids-lourd «a littéralement pulvérisé la première baraque en bois», a raconté à la chaîne de télévision N1 une Bosnienne installée à Berlin, Lana Sefovac,«Il voulait rouler sur les gens». L'Allemagne avait été jusqu'ici épargnée par les attaques d'ampleur, mais plusieurs attentats ont été commis par des personnes isolées. L'EI a revendiqué en juillet deux attentats séparés qui ont fait plusieurs blessés, commis par un Syrien de 27 ans et un demandeur d'asile de 17 ans, probablement afghan. 14 blessés entre la vie et la mort l Le carnage lundi soir sur le marché de Noël survient dans une Allemagne jusqu'alors épargnée par les attentats de grande ampleur. Six morts sont allemands, selon la police. Les identifications des autres victimes se poursuivent. Outre les 12 morts, 48 personnes ont été blessées, dont 24 restaient hospitalisées hier soir. Sur ce total, quatorze sont toujours entre la vie et la mort, a dit dans la soirée le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière, selon lequel d'autres décès «ne sont pas à exclure».