Alors que Total promettait, en 2015, le premier bidon de lubrifiant en Algérie dès le 1er trimestre 2017, force est de constater que l'engagement est loin d'être tenu. L'usine n'a même pas vu encore le jour. Bouchouareb a lancé un sévère avertissement. «J'ai besoin de celui qui est le plus efficace dans son investissement et je ne peux pas continuer à importer des produits de l'extérieur, ceux de Total et d'autres. Ou on joue le jeu ou on ne le joue pas et on fait jouer la concurrence.» «Nous avons mis tous les moyens pour vous accompagner et, au bout d'un an, rien n'est fait.»«Cela ne peut pas durer !» C'est en ces termes que le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, en visite hier à Oran, a abordé les initiateurs du projet de l'usine de lubrifiant du groupe Total Algérie implanté à Bethioua. Un investissement de 1 932 MDA, qui a accumulé les retards dans le démarrage des travaux. Bouchouareb indiquera à ses interlocuteurs l'importance économique et stratégique de ce projet qui doit permettre la substitution d'importation de produits dérivés des hydrocarbures. «C'est un produit qui, dans notre politique économique, est important. Nous avons mis tous les moyens pour vous accompagner et, au bout d'un an, rien n'est fait». Et de mettre en garde Total Algérie : «Cela ne peut pas durer… parce qu'on ne peut pas faire prendre des risques à d'autres investisseurs sur ce segment. On ne peut pas se suffire de cette situation ; d'autres veulent investir dans ce créneau et je ne peux pas les contenir indéfiniment. J'ai besoin de celui qui est le plus efficace dans son investissement et je ne peux pas continuer à importer des produits de l'extérieur, ceux de Total et d'autres. Ou on joue le jeu ou on ne le joue pas et on fait jouer la concurrence.» Pour Total Algérie, les retards auraient été causés par les quatre avis d'appels d'offres infructueux pour le choix de l'entreprise de réalisation, ce à quoi rétorquera encore le ministre : «Chacun a ses priorités, ses contraintes, il y a un décalage et nous continuons à importer des lubrifiants. Vous devez démarrer maintenant.» Il est déjà loin le temps où au lancement de ce projet, Total Algérie promettait monts et merveilles quant à sa concrétisation. «Nous allons produire le premier bidon de lubrifiant en Algérie dès le 1er trimestre 2017», avait ainsi déclaré, octobre 2015, Bernard Carbo, directeur général de Total Bitumes Algérie et Total Lubrifiants Algérie, lors d'un point de presse à l'hôtel Sofitel d'Alger. Pour cet ingénieur mécanicien de formation qui a assuré depuis le début des 1980 différentes missions au sein du groupe Total, aussi bien en France qu'à l'international, l'usine devait, à cette date, produire pas moins de 40 000 tonnes de lubrifiants par an. «Nous pourrons compter sur l'exportation de notre production dès que l'usine que nous allons lancer se stabilisera en termes de production. Nous visons plusieurs pays africains et méditerranéens», précisait le DG, Bernard Carbo, qui avançait également que cette unité de production allait permettre un transfert technologique vers l'Algérie et se substituera à l'importation de lubrifiants.