Réactions n Manifestations, condamnations politiques, pressions internationales : neuf jours après sa prise de fonction, Donald Trump faisait face, hier, à un feu nourri de critiques après sa décision de fermer les frontières à tous les réfugiés ainsi qu'aux ressortissants de sept pays musulmans. Après un week-end de confusion et de controverses, le président républicain s'est défendu de toute discrimination anti-musulmans, alors que dans le pays des milliers de manifestants se sont rassemblés hier à Washington, New York, Boston et dans d'autres villes et aéroports du pays. «Les réfugiés sont les bienvenus !» criaient quelque 10 000 personnes dans un parc à la pointe de Manhattan, la Statue de la Liberté visible au large, symbole depuis 1886 de l'accueil des immigrés venus respirer l'air de la liberté. Beaucoup d'élus démocrates se sont joints au rassemblement. «C'est le début de la dégradation de nos libertés civiques et de nos droits constitutionnels, et nous savons où mène cette route», a lancé le maire de New York, Bill de Blasio. Le milliardaire républicain n'a fait qu'appliquer ses promesses de campagne, a souligné son porte-parole, comme lors de la signature toute la semaine passée de décrets sur la santé, l'immigration clandestine, la lutte anti-jihadiste ou le pétrole. «Pour que les choses soient claires, il ne s'agit pas d'une interdiction visant les musulmans, comme les médias le rapportent faussement», a affirmé le milliardaire dans un communiqué. «Cela n'a rien à voir avec la religion, il s'agit de terrorisme et de la sécurité de notre pays». Mais la décision de fermeture sélective des frontières, qui n'est pas aussi large que sa promesse de décembre 2015 d'interdire à tous musulmans de venir aux Etats-Unis, a incontestablement provoqué le plus grand tollé depuis son investiture. Signé vendredi soir, le décret interdit l'entrée à tous les réfugiés, quelle que soit leur origine, pendant 120 jours (de façon indéfinie pour les réfugiés syriens), ainsi qu'à tous les ressortissants de sept pays à majorité musulmane et considérés comme des viviers terroristes par Washington, pendant 90 jours : Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen. Résultat, au moins 109 personnes ont été arrêtées à leur arrivée aux Etats-Unis, bien qu'ils aient des visas valides. Après l'intervention samedi soir d'une juge fédérale de Brooklyn, la plupart ont été autorisées à entrer sur le territoire, mais la constitutionnalité du décret n'a pas été tranchée, et celui-ci reste en vigueur. On ignore encore le nombre exact de personnes encore en rétention dans le pays. A l'aéroport de Washington-Dulles, quelque 300 personnes manifestaient dans le terminal. Quatre élus du Congrès ont négocié avec les agents d'immigration, en vain, pour aider des avocats à rencontrer les éventuels détenus, dont on ignorait le nombre. L'application du décret continuait de se faire dans un relatif désordre, faute de consignes claires aux agents aux frontières. Initialement, les détenteurs de cartes vertes - des permis de résident permanent - étaient visés par l'interdiction du territoire. Mais le secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus, a indiqué hier qu'ils n'étaient pas «affectés», bien qu'ils puissent être questionnés de façon approfondie à leur arrivée aux Etats-Unis. Les Américains à double nationalité sont également exemptés. Reste la question des binationaux, par exemple les Canado-Iranien ou Franco-Syriens.