Vote n Jon Ossoff, un démocrate inconnu de 30 ans, va-t-il infliger à Donald Trump son premier revers, trois mois après son entrée en fonction ? Voilà l'enjeu de la législative partielle pour laquelle les électeurs américains ont voté mardi en Géorgie. Jon Ossoff comptait bien profiter de l'impopularité du président républicain pour s'emparer de cette circonscription du sud-est des Etats-Unis tenue par les républicains depuis près de 40 ans. Après le dépouillement de 86% des bulletins, Jon Ossoff semblait cependant avoir échoué à s'imposer dès le premier tour. Largement en tête, devant les 17 autres candidats, avec 48,6% des suffrages, il semblait condamné à un second tour, faute d'avoir atteint la barre des 50%, les résultats manquant concernant des bureaux a priori dominés par les Républicains. Son adversaire pour un probable second tour, le 20 juin, devrait être la Républicaine Karen Handel, ancienne secrétaire d'Etat de Géorgie, créditée de 19,5%. Et les Républicains seront unis cette fois alors qu'ils étaient une dizaine en lice pour ce premier tour. «Nous visons certainement une victoire définitive dès aujourd'hui. Mais une élection partielle est toujours spéciale. C'est difficile de prédire l'issue», avait reconnu M. Osoff sur CNN mardi matin, à l'ouverture du premier tour. «Tout le monde cherche des implications nationales mais toute la politique est locale», a nuancé le jeune candidat. Aucun démocrate n'a été élu depuis 1978 dans cette circonscription d'une banlieue blanche, relativement aisée et conservatrice d'Atlanta. Une victoire finale du démocrate serait un revers très embarrassant pour Donald Trump et serait de mauvais augure pour les républicains dans la bataille qui s'annonce pour le contrôle du Congrès avec les élections de mi-mandat en 2018. Conscient du danger, le président s'était impliqué personnellement dans cette élection partielle déclenchée par l'entrée au gouvernement comme ministre de la Santé de Tom Price, le dernier élu local en date. «Le démocrate Jon Ossoff serait un désastre au Congrès», a tweeté mardi Donald Trump, accusant le candidat d'être «Très faible sur la délinquance et l'immigration illégale». «Les républicains doivent aller VOTER aujourd'hui», a-t-il ajouté, dans une tentative pour mobiliser sa base électorale dans une circonscription qu'il n'avait remportée qu'avec 1,5 point d'avance sur Hillary Clinton en novembre. Les démocrates comptaient sur l'impopularité du président Trump pour combler l'écart. Les Américains ne sont plus que 45% à juger qu'il tient ses promesses, contre 62% en février, selon Gallup. En tout, 40% ont une opinion favorable du milliardaire, ce qui fait de lui le président américain le plus impopulaire de l'histoire des sondages en début de mandat. Plusieurs poids lourds démocrates et célébrités ont appuyé publiquement le candidat Ossoff. «Souvenez-vous de la dernière fois où les gens ne sont pas allés voter. On s'est retrouvés avec Trump», a lancé l'acteur Samuel Lee Jackson dans un spot radio. «Nous devons canaliser notre désir de vengeance et notre furieuse colère envers cette administration dans les urnes.» R. I / Agences l Une statistique témoigne de l'engouement extraordinaire pour cette partielle: c'est la onzième élection la plus chère de l'histoire de la Chambre des représentants, selon l'organisation spécialisée dans le financement électoral, Center for Responsive Politics, alors que la campagne n'a duré que quatre mois. Si d'ordinaire le candidat démocrate ne récolte que quelques dizaines de milliers de dollars, Jon Ossoff a cette année levé plus de huit millions de dollars. Les dons sont venus presque entièrement de l'extérieur de la Géorgie. Ce que M. Trump n'a pas manqué de relever dans ses appels à la mobilisation adressés aux électeurs républicains. «Des démocrates progressistes qui ne sont pas en Géorgie dépensent des millions et des millions de dollars pour essayer de vous enlever votre siège républicain au Congrès. Ne les laissez pas faire», a lancé le président dans un message enregistré qui a été diffusé à partir de lundi dans la circonscription. «Si vous ne votez, Ossoff augmentera vos impôts, détruira votre assurance maladie et inondera notre pays d'immigrants clandestins», avait averti Donald Trump.