Résumé de la 1re partie n Arnie avait appris que, dans la vie, c'était l'argent qui avait le dernier mot. Et par là, ajouta le nommé Ed, l'index pointé droit devant lui. — Et, pour la mer, c'est par là aussi, ajouta Evan, en montrant la rue. Arnie compta jusqu'à dix. Lentement. — J'envisage d'acheter un terrain au bord de l'eau, reprit-il. Peut-être qu'un agent immobilier... — Ah. Un agent immobilier. Les trois hommes échangèrent des regards. — On en a un, d'agent, déclara le nommé Ed, mais vous l'auriez pas trouvé tout seul. C'est là-bas. De la main, il indiqua l'une des bâtisses les plus minables du voisinage. Arnie, non sans soulagement, abandonna le porche du petit magasin, fit quelques pas, et, plein d'espoir, pénétra dans le bureau de l'agent immobilier. Ici, il se savait dans une arène à sa mesure. Ici, il accomplirait son meilleur travail. Ici, il pourrait parler transactions. II conclut effectivement une transaction. Le terrain pour lequel Arnie avait opté s'avérait parfait : soumis à autant de restrictions en vue de la préservation des sites qu'il avait pu en exciper pour faire baisser notablement le prix, et suffisamment à l'écart pour le protéger des yeux trop curieux lorsqu'il commencerait à ignorer ces mêmes restrictions. Arnie connaissait deux ou trois petites choses sur ces règlements écologiques. En général, on s'en tirait avec une amende ou deux. Une fois installé, vous faisiez ce que vous vouliez, et après, on ne revenait pas en arrière. Arnie fit ce qu'il voulait. Il enleva les herbes qui maintenaient les dunes pour les remplacer par un authentique gazon, du genre qui nécessite énormément d'arrosage. II rasa au bulldozer les prunelliers et les ciriers bordant la plage, pour planter une haie qui tournait à angle droit là où Arnie l'avait décidé. Il coula sur le sable une terrasse en béton recouverte de teck.. Derrière, il aménagea un court de squash. Le 1er juillet, Arnie Huxtower entra dans sa maison nouvellement achevée. Il contempla ses quatre étages de métal, de verre et de ciment et vit que cela était bien. D'ailleurs, il méritait quelque chose de bien. Peu d'hommes travaillaient aussi dur que lui — en tout cas, peu s'activaient à un vrai travail, au genre de travail qui fait tourner le monde. Ce jour-là, par exemple, Arnie avait rejoint Nashtoba directement à l'issue d'un séjour éprouvant dans la grande ville surchauffée. Ses affaires avaient culminé avec l'élimination d'un petit concurrent qui, depuis des années, était comme un caillou dans sa chaussure. A la vérité, le type avait sué sang et eau durant trois années pour maintenir sa petite entreprise de construction de pavillons, sans pour autant parvenir à faire le moindrement baisser le chiffre d'affaires d'Arnie. Mais c'était une question de principe ! Alors, pourquoi Arnie songeait-il maintenant à ce petit bonhomme ? Ce type n'avait pas plus d'importance que les trois minables assis sous le porche de ce magasin décati. A suivre