Résumé de la 153e partie ■ Chantal apprit que Marie-Ange tenait un magasin, elle alla lui rendre visite... J'achète des joujoux, dit Chantal. Ce sont les seuls objets dont j'ai envie ici... Après avoir déposé ses emplettes sur la table du living-room, elle les contempla. Devant le bazar elle avait l'impression que ce Noël n'en serait pas un si elle n'achetait pas quelques jouets comme elle le faisait les autres années. Marie-Ange venait de lui donner une idée merveilleuse : elle installerait. dans ce living-room un bel arbre de Noël auquel seraient suspendus les jouets. En attendant, il y avait urgence à ce qu'elle rédigeât sa réponse à Mme Royer, dans laquelle elle s'opposerait aux décisions prises depuis la mort de Jacques. Elle déposa, deux heures plus tard, sa lettre dans la boîte accrochée à l'un des murs de l'hôpital ; elle s'y prenait à l'avance pour être sûre que sa missive ne manquerait pas le prochain départ du Saint-John. Ensuite, elle patienterait jusqu'à ce que la directrice de «Marcelle et Arnaud lui ait répondu et déciderait, selon la réponse, si elle accomplirait ou non son rapide voyage d'aller et retour à Paris. En revenant de l'hôpital, elle croisa le Père Rivain qui lui demanda, essoufflé : — La layette est-elle prête ? Ça y est ! L'enfant est né ! C'est un magnifique garçon... Je viens de l'ondoyer. Tout s'est admirablement passé. — J'aimerais tant le voir ! — Au fait, pourquoi ne seriez-vous pas la marraine ? Etes-vous baptisée ? — Je ne pense pas. — Dans ce cas, vous ne pourrez être qu'une marraine-postiche ! Comme vous avez fait la layette, vous avez tout de même le droit de choisir le prénom de cet enfant miraculeux. Je l'appelle ainsi parce que la mère est incapable de nous dire qui est son père. — Appelez-le Daniel, répondit Chantal sans hésitation. — Il vous devra un bien beau prénom, affirma l'aumônier. Dans vingt minutes, sœur Marie-Sabine sera chez vous pour prendre la layette. Quand je vous disais que le Bon Dieu nous enverrait un petit Jésus en chair et en os pour notre crèche de Noël, je ne me trompais pas... Il n'y a qu'un ennui ce petit Jésus est un peu nègre... Pourquoi le petit Jésus ne serait-il pas nègre, après tout ? Aidée de Tulio et de la jeune lépreuse, prêtée par l'ouvroir de sœur Marie-Joseph, Chantal finissait d'attacher aux branches de «son» arbre les derniers jouets achetés au bazar de Makogaï. L'arbuste avait été déraciné et apporté par le ténor italien : c'était un palmier nain. Il n'était pas question de trouver le sapin traditionnel dans cet îlot du Pacifique, D'ailleurs, les poupées nègres qui se balançaient aux longues feuilles du palmier, s'accommodaient mieux de ce support exotique.. (A suivre...)