Résumé de la 3e partie n C'était bien là ce qu'Arnie aimait dans la mer sa puissance. Elle lui rappelait la sienne. Une femme superbe, grande et solide comme il les aimait, s'adossait à la balustrade du porche. La tête rejetée en arrière, elle buvait du Coca-Cola dans une bouteille sans doute extraite d'un stock remontant à 1910. Arnie, qui n'avait nulle intention de gaspiller encore une fois son temps avec les fainéants du porche, ralentit malgré lui. Après tout, sa procédure de divorce était presque achevée. Désormais, il pourrait se livrer au grand jour à ce qu'il faisait déjà en secret depuis bien longtemps ! Arnie bondit sur les marches branlantes. — Eh, salut, lança-t-il à la femme. Elle regarda Arnie, puis à travers lui, comme s'il était transparent. — Hé, Mr Huxtable ! répliqua Ed. Arnie ne prit pas la peine de rectifier une nouvelle fois. Après tout, ce gros bonhomme n'était rien. En plus, songeait-il en conduisant de plus en plus vite sur les routes sablonneuses qui menaient à sa maison, il y avait quelque chose qui ne collait pas chez cette femme, quelque chose de trop… de trop grand. Cette fois, Arnie ne s'attarda même pas sur sa terrasse — il alla directement enfiler son maillot de bain, puis fila dans l'océan. Pendant quinze jours, il avait rêvé de cette eau, rêvé de la manière dont cette langue de sable était purifiée par chaque vague qui la balayait. Il descendit les marches deux par deux. Il plongea, tête la première. Il attendait avec impatience que l'eau lui nettoie l'esprit comme elle nettoyait le rivage, qu'elle efface tout. Cela marcha. Mais cette fois, cela ne dura pas. Pour une raison ou une autre, sa pensée revint à la femme du magasin. Pourquoi ? Dans ce bas monde, il y avait quantité de femmes pour les hommes comme lui — des femmes qui recherchaient un repas gratuit, des femmes qui s' en fichaient d'être tenues pour partie intégrante du repas lui-même. Cette femme du magasin n'était qu'une source d'ennuis. Arnie était prêt à parier là-dessus son dernier dollar ! Enfin, peut-être pas son dernier dollar. Aucune femme ne valait son dernier dollar ! Arnie fendit l'eau d'un crawl rapide, jusqu'à ce qu'enfin ses réflexions se noient dans l'océan. Puis il nagea vers le rivage et rentra chez lui. A la fin de la semaine suivante, Arnie quitta son travail de bonne heure. Il fallait bien, tout de même, accorder un peu de confiance à quelqu'un pour fairel le nécessaire en son absence, une fois de temps en temps. D'ailleurs, il ne se passait pas grand-chose cet après-midi-là, à l'exception d'une légère insuffisance en certains produits : la viande servie à la cantine, les lunettes de sécurité, le papier-toilettes. N'importe quel imbécile pouvait s'occuper de ça. Arnie arriva à Nashtoba à 5 heures du soir, et, comprenant qu'il serait stupide de gaspiller son temps sur les marches d'un stupide magasin, il s'en fut droit chez lui, sans faire de détour. A suivre