Duel n Emmanuel Macron, accusé d'avoir anticipé une victoire à la présidentielle française le 7 mai, repart en campagne aujourd'hui en allant défier sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen dans ses fiefs. Le jeune candidat, 39 ans, doit d'abord se rendre à Amiens (nord-est) pour rencontrer les salariés d'un site menacé de délocalisation en Pologne, puis à Arras (nord), deux villes où la cheffe du Front national, 48 ans, Marine Le Pen, est arrivée en tête du premier tour dimanche dernier. Après un début de campagne du second tour sur les chapeaux de roues, celle qui se présente comme "la candidate du peuple" a convoqué ce mercredi son conseil stratégique de campagne. Après "Remettre la France en ordre", elle doit dévoiler un nouveau slogan.La candidate anti-Europe et anti-immigration tiendra jeudi un grand meeting à Nice (sud-est), un des bastions de la droite, où l'ancien Premier ministre François Fillon l'avait devancée au premier tour. Donné vainqueur le 7 mai par tous les sondages publiés depuis dimanche soir avec de 62% à 64% d'intentions de vote, Emmanuel Macron a pourtant reconnu que "rien n'est gagné" face à son adversaire, qui a annoncé vouloir "rassembler les patriotes (...) de droite ou de gauche". L'attitude de M. Macron, qui a consacré son début de semaine à des consultations en vue d'une future majorité, a été critiquée par nombre de commentateurs, jugeant qu'il donnait l'impression "d'enjamber" le second tour. Si M. Macron a recueilli des ralliements de tous bords pour "faire barrage" à l'extrême droite, il n'a toujours pas obtenu celui du tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (19,58% des voix au premier tour). Des voix au sein du Parti socialiste ont appelé ce matin l'ex-candidat de la "France insoumise" arrivé dimanche en quatrième position à "se ressaisir"."Quand on est de gauche, on ne biaise pas, on est immédiatement dans le combat contre le Front national", a affirmé le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis. D'autres responsables ont aussi mis en garde M. Macron, le prévenant qu'un bulletin en sa faveur ne valait pas adhésion. Voter Macron, "ce n'est pas un chèque en blanc", a souligné le secrétaire général du Parti communiste, Pierre Laurent. Même écho au sein de l'un des principaux syndicats français, la CFDT, qui demande au candidat, accusé de vouloir mener une politique économique libérale, de "montrer un peu d'empathie à l'égard des plus fragiles". Le président socialiste François Hollande lui a déjà lancé une mise en garde hier estimant que le score historique du FN au premier tour (21,3%) ne devait pas être sous-estimé. "Je pense qu'il convient d'être extrêmement sérieux et mobilisé, de penser que rien n'est fait parce qu'un vote ça se mérite, ça se conquiert, ça se justifie, ça se porte", a-t-il déclaré appelant à ce que le score de l'extrême droite soit "le plus faible possible" le 7 mai.