Challenge n La Juventus ne craque jamais contre les clubs français, ne prend pas de buts et n'a plus perdu à Turin depuis 20 mois. Seul un colossal exploit ce soir enverrait Monaco en finale de l'UEFA Champions League. La supériorité manifeste de la «Vieille Dame», plus efficace dans les deux surfaces et plus maîtresse d'elle-même à ce niveau de compétition, qu'elle fréquente depuis plus longtemps, rend l'exploit très improbable. Et les statistiques sont aussi impitoyables qu'un contre Dybala-Higuain. La Juve, mythe du football français depuis les années Platini, a dominé onze fois sur onze ses confrontations européennes avec des clubs de l'Hexagone. Monaco lui-même est passé deux fois à la moulinette, en C1 en 1998 déjà, en demies (4-1/2-3), et en quarts il y a deux ans (1-0/0-0). La forteresse volante de Massimiliano Allegri n'a encaissé que deux buts cette saison en C1, et aucun dans la phase éliminatoire, pas même contre le FC Barcelone. L'équipe de Radamel Falcao n'a que 90 minutes pour en faire autan. La défense turinoise, symbolisée par le duo Giorgio Chiellini, le combattant, et Leonardo Bonucci, le relanceur idéal, est intraitable. Derrière eux, le gardien et capitaine Gianluigi Buffon a montré à l'aller qu'à 39 ans il crevait d'envie d'aller enfin chercher ce trophée qui manque à son immense palmarès. Enfin l'hostilité du magnifique Juventus Stadium achève de peindre un tableau genre enfer de Jérôme Bosch. La Juve n'y a plus perdu depuis le 23 août 2015 (1-0 contre l'Udinese), un accroc qui ne l'a pas freinée puisqu'elle file actuellement vers son sixième titre de champion consécutif, nouveau record d'Italie prêt à rejoindre son bilan. Elle a même gagné 33 matches de rang en Serie A à domicile, une série qui vient tout juste de prendre fin, puisqu'une équipe remaniée vient tout juste de concéder le nul contre le Torino (1-1) dans le derby. Mais un nul ne suffirait pas à Monaco. Au passage, Allegri a opéré un gros turn-over contre le «Toro», notamment en défense, puisque parmi les titulaires de Louis-II, Buffon, Chiellini, Alex Sandro, Barzagli et Dani Alvès n'ont pas débuté. L'armada revient contre Monaco, avec même le retour de Sami Khedira, suspendu à l'aller. En C1, le dernier échec dans sa maison remonte au 10 avril 2013 contre le Bayern Munich (2-0), futur champion d'Europe, quand cette Juve montait en puissance. Quand elle ressemblait en quelque sorte au Monaco d'aujourd'hui. Mais la saison du 6-1 du Barça contre le Paris SG rappelle que la surprise est toujours possible. L'entraîneur Leonardo Jardim aussi a sonné le clairon de la dernière chance. Après la claque de l'aller, il expliquait que gagner à Nancy serait la meilleure façon de préparer une «remontada». Monaco s'est imposé à Picot (3-0) et n'est plus qu'à une victoire et des poussières du titre de champion. Monégasques, vous avez donc l'esprit libre pour tenter votre mission impossible. Ce message s'autodétruira dans cinq secondes... Le favori Allegri : «Jouer comme si c'était sur un seul match» L'entraîneur de la Juventus Turin, Massimiliano Allegri, a assuré que son équipe jouerait sa demi-finale retour contre Monaco comme si c'était sur un seul match, malgré l'avantage conquis à l'aller (2-0). «Le résultat de l'aller nous donne un petit avantage mais on doit jouer comme si c'était un match sur une seule manche», a déclaré Allegri en conférence de presse. «On doit encore conquérir la finale, on ne sait jamais ce qui peut arriver dans le foot. Il faut rester très motivés parce que Monaco n'a rien à perdre et va donc jouer une partie plus ouverte», a ajouté le technicien italien. Lui aussi présent en conférence de presse, le défenseur central Giorgio Chiellini s'est montré tout aussi prudent. «On a une demi-finale à jouer. C'est prématuré de parler de Cardiff (où se tiendra la finale, ndlr). Il nous reste 90 minutes qui sont pleines de pièges», a-t-il assuré. L'outsider Jardim : «Poursuivre notre rêve» Leonardo Jardim va tout essayer pour renverser la Juventus à Turin malgré la défaite de l'aller (2-0). «Si on veut se qualifier on a besoin de faire quelque chose de plus, peut-être une chose que tout le monde pense difficile à faire. Pour moi, on a besoin d'attaquer mais de garder aussi la tête froide. Contre une Juve de cette qualité, si tu joues comme un fou, tu peux prendre trois buts d'affilée. On a donc besoin de garder l'équilibre, de jouer notre foot. Bien sûr, on aimerait marquer en première période comme ça on pourrait tenter quelque chose en deuxième période. Je suis très heureux et fier d'être passé des Q3 (3e tour préliminaire) à la demi-finale de C1. On a montré beaucoup de choses au monde du football. En juillet, personne ne croyait qu'on irait en phase de groupe et nous sommes en demies. Demain, on va tout faire pour continuer notre aventure, poursuivre notre rêve d'aller en finale». Le duel Chiellini compare Dybala et Mbappé Considérés comme de futurs cracks, les attaquants de la Juventus Turin, Paulo Dybala, et de l'AS Monaco, Kylian Mbappé, possèdent des profils différents. Interrogé en conférence de presse ce lundi, à la veille de la demi-finale retour de la Ligue des champions entre les deux équipes, le défenseur central Giorgio Chiellini les a comparés. «La première différence, ce sont les caractéristiques physiques et leur façon de jouer, a analysé l'Italien. Dybala est capable d'éliminer, de créer les décalages et de faire jouer l'équipe de façon harmonieuse. Mbappé est plus dans une position offensive, il prend bien la profondeur. Il marque beaucoup. Ce qui est incroyable pour son jeune âge». Autrement dit, les deux phénomènes pourraient former un duo complémentaire. Le fait Aucune équipe n'a remonté un 2-0 Victorieuse à Nancy samedi (3-0), l'AS Monaco s'est rapprochée encore du titre de champion de France. En revanche, faire un pas supplémentaire en C1 semble improbable tant la Juventus Turin apparaît sûre de sa force. La preuve en chiffres. L'AS Monaco se veut optimiste avant de se rendre, mardi soir, au Juventus Stadium en demi-finale retour de Ligue des champions. Battus lors du match aller au stade Louis-II il y a une semaine, les coéquipiers de Kylian Mbappé sont engagés dans un défi titanesque : dans l'histoire de la phase à élimination directe de la C1, aucune équipe n'est parvenue à surmonter une défaite 2-0 sur son terrain. Le palmarès La C1, le titre qui manque à Buffon Légende vivante de la Juventus Turin, le gardien Gianluigi Buffon court toujours derrière un premier sacre en Champions League. Finaliste malheureux en 2003 et 2015, l'Italien espère enfin décrocher ce titre majeur. «Cela aurait beaucoup de signification pour moi, ce serait la plus grande joie de ma carrière avec la victoire en Coupe du monde (2006, ndlr), assure le Transalpin pour le site de l'UEFA. Ce serait comme une récompense que l'on obtient à la fin d'un parcours difficile qu'il faut arpenter avec courage et détermination, avec un travail de tous les instants». Buffon aura l'occasion de jouer une troisième finale dans cette compétition si la «Vieille Dame» écarte Monaco, mardi lors de la demi-finale retour. Pour rappel, les Bianconeri l'ont emporté à Louis-II à l'aller (2-0). L'ennemi Kamil Glik, «l'assassin» retrouve Turin Samedi dernier, Kamil Glik a vécu une journée presque parfaite. Dans l'après-midi, «son» Monaco a déroulé à Nancy (0-3), se rapprochant encore un peu plus d'un titre de champion de France qui le fuit depuis l'an 2000. Puis, en soirée, «son» Torino a réussi l'exploit d'accrocher la Juventus (1-1), qui restait sur trente-trois victoires d'affilée à domicile en Serie A, dans le traditionnel derby della Mole. Le roc polonais (1,90 m, 80 kg) a joué cinq saisons au «Toro», où l'ASM est allée le chercher un peu à la surprise générale l'été dernier contre une dizaine de millions d'euros. Il en a été l'emblème. Le capitaine. Une première pour un joueur étranger depuis plus d'un demi-siècle. Alors forcément, recroiser l'ennemi juré, à Turin qui plus est, revêt pour lui une saveur particulière. Face à la «Vieille Dame», Glik (29 ans) a souvent perdu (dix fois en onze confrontations). Mais c'est à l'occasion de ces oppositions musclées que le guerrier a gagné le respect et la considération des supporters «granata» («grenats»). Durant la saison 2012-2013, il a même réalisé une «prouesse» inédite dans l'histoire de la rivalité entre les deux clubs en étant expulsé à la fois à l'aller et au retour. Au total, Glik a disputé 171 rencontres et marqué 13 buts avec le «Toro».