Résumé de la 3e partie n Une femme dans la soixantaine, aux cheveux gris et aux yeux brillants, nous accueillit. Eh bien, entrez, et appelez-moi Edna, a-t-elle répondu. J'ai peur de ne pas pouvoir beaucoup vous aider. J'ai été trop occupée pour me préparer même une tasse de café, alors épier par la fenêtre... Avez-vous une photo de votre voleur ? Je l'identifierai si je le puis. — Pas voleur, ai-je précisé. Voleuse. Vous en avez peut-être entendu parler. Les journaux l'appellent Ma Barker. — Cette horrible femme ! Elle nous crée une mauvaise réputation, à nous, les gens du troisième âge. Je l'observais sans en avoir l'air, en essayant de faire le rapprochement avec les agrandissements des clichés pris par les caméras sur lesquels j'avais planché des heures durant. Je n'y parvenais pas. Si Edna Bemis ne faisait qu'une avec Ma Barker, c'était un vrai caméléon… A petits pas rapides, elle nous a conduits dans sa cuisine : Désolée de me presser tellement, messieurs. Mon fils et ma belle-fille viennent dîner. Ils me rendent visite si rarement. J'aime bien servir un repas élégant. Dans la cuisine, il faisait chaud et cela sentait bon. Quel parfum délicieux, ai-je dit. Quoi que ce soit. — Holà ! a lâché Paget, ébahi. Quelle impressionnante installation ! Effectivement, la cuisine était impressionnante même pour un béotien, comme moi pour qui un dîner de trois services se compose d'une pizza, de chips et d'un pack de six canettes. Elle possédait une cuisinière resplendissante dotée d'un grill incorporé et d'un énorme micro-ondes, des marmites et des casseroles d'inox et de cuivre suspendues à des crochets, et toute une bibliothèque de livres de cuisine dans une armoire vitrée. Sur un plan de travail impeçcable, à côté d'un recueil de recettes marqué d'un signet, il y avait un mixer dont la forme et la taille me rappelaient un moteur hors-bord. — Merci, a dit Mrs Bemis. Vous aimez cuisiner, Messieurs ? — L'inspecteur Paget, oui, ai-je indiqué. C'est un expert. — C'est merveilleux, a-t-elle repris en ouvrant le four. Mr Paget, je vous prie, donnez-moi donc votre avis d'expert. C'est mon premier essai de canard Marco Polo. Paget était plein d'admiration : — Un canard Marco Polo. J'ai toujours voulu m'attaquer à ce plat-là. Je l'ai vu réaliser dans une émission culinaire à la télé. Mais avec le veau, les abats de canard, et tout, il y a tellement d'étapes. Pour moi, ça n'était qu'un oiseau à moitié cuit. Mais qu'est-ce que j'y connaissais ? A tout hasard, j'ai touché la cuisinière. Chaude. Très chaude. Edna était chez elle depuis un bon moment. Entre-temps, mon coéquipier et elle s'étaient mis à bavarder comme deux vieux amis qui se seraient perdus de vue, à comparer des trucs de cuisine. Déglacer, caraméliser, mariner — des machins comme ça. J'étais l'intrus et je me sentais seul. A suivre