Résumé de la 5e partie n La peur et la crainte de la panthère se sont dissipées laissant place aux jeux et aux rires. Tout le monde, à la ferme, s'en donnait à cœur joie. Une fois, entre autres, le cochon accusa l'un des parents d'avoir triché et le cheval dut lui donner tort. Ce cochon n'était pas une mauvaise bête, au contraire, mais susceptible et, quand il avait perdu, facilement rageur. Il y eut à cause de lui plusieurs disputes très vives qui mirent la panthère de mauvaise humeur. Mais ces mauvais moments étaient en somme assez rares et vite oubliés. Pour peu qu'il y eût clair de lune, les parties de barres se prolongeaient tard dans la nuit, personne n'étant presse d'en finir. — Voyons, voyons, disait le canard qui avait un peu plus de raison que les autres, il faudrait tout de même penser à dormir... — Encore un quart d'heure, suppliaient les parents. Canard, un quart d'heure... D'autres fois, on jouait à la main chaude, au voleur, aux quatre coins, à la semelle. Les parents étaient toujours les plus enragés. Pendant les repas, on ne s'ennuyait pas non plus. Le canard et la panthère parlaient de leur voyage, et ils avaient traversé des pays si curieux qu'on ne se fatiguait jamais de les écouter. — Moi, qui ai visité la Russie en détail, commençait le canard, je peux vous dire la vérité sur le communisme. Il y a des gens qui racontent des choses sans y être jamais allés, mais moi, j'ai vu, vous comprenez. Eh bien ! la vérité, c'est que là-bas, les canards ne sont pas mieux traités qu'ailleurs... Un matin de bonne heure, le cochon sortit faire une promenade. Il salua d'un ton aimable le vieux cheval qui était dans la cour, sourit à un poulet, mais passa devant la panthère sans lui adresser la parole. De son côté, elle le regarda s'en aller sans mot dire. La veille, ils avaient eu une dispute pendant la partie de barres. Le cochon s'était montré si insupportable qu'il avait indisposé tout le monde. Vexé, il était rentré chez lui en déclarant qu'il ne voulait plus jouer avec la panthère. Et il avait ajouté : «J'aime bien jouer aux barres, mais s'il faut en passer par tous les caprices d'une étrangère, alors j'aime autant me coucher.» La panthère quitta la ferme vers huit heures pour aller faire un tour en forêt, comme elle faisait presque chaque matin, et rentra vers onze heures. Elle semblait un peu lasse, la démarche alourdie, les paupières clignotantes. A une petite poule blanche qui lui en faisait la remarque, elle répondit qu'elle avait fourni une très longue course dans les bois. Sur cette parole, elle alla s'étendre dans la cuisine et s'endormit d'un sommeil pesant. De temps à autre, sans s'éveiller, elle poussait un soupir et passait sa langue sur ses babines. A midi, au retour des champs, les parents se plaignirent de ce que le cochon ne fût pas encore rentré. — C'est bien la première fois que pareille chose lui arrive. Il aura sans doute oublié l'heure. Comme on lui demandait si elle ne l'avait pas rencontré dans la matinée, la panthère fit signe que non et détourna la tête. Pendant le repas, elle ne se mêla guère à la conversation. (à suivre...)