Résumé de la 12e partie n Percinet lui dit tout ce qu'il put au monde pour la persuader de l'épouser, elle n'y voulut point consentir… Elle s'aperçut aussitôt que la vilaine Grognon était avec le roi, et qu'elle lui disait : — Cette misérable princesse s'est pendue dans la cave, je viens de la voir, elle fait horreur ; il faut vivement l'enterrer et vous consoler d'une si petite perte. Le roi se mit à pleurer la mort de sa fille. Grognon, lui tournant le dos, se retira dans sa chambre, et fit prendre une bûche, que l'on ajusta de cornettes, et bien enveloppée on la mit dans le cercueil ; puis par l'ordre du roi, on lui fit un grand enterrement, où tout le monde assista en pleurant, et maudissant la marâtre qu'ils accusaient de cette mort ; chacun prit le grand deuil : elle entendait les regrets qu'on faisait de sa perte, et qu'on disait tout bas : –Quel dommage que cette belle et jeune princesse ait péri par les cruautés d'une si mauvaise créature ! Il faudrait la hacher et en faire un pâté. Le roi ne pouvant ni boire ni manger, pleurait de tout son cœur. Gracieuse, voyant son père si affligé : – Ah ! Percinet, dit-elle, je ne puis souffrir que mon père me croie plus longtemps morte ; si vous m'aimez, ramenez-moi. Quelque chose qu'il pût lui dire, il fallut obéir, quoique avec une répugnance extrême. – Ma princesse, lui disait-il, vous regretterez plus d'une fois le palais de féerie, car pour moi je n'ose croire que vous me regrettiez ; vous m'êtes plus inhumaine que Grognon ne vous l'est. Quoi qu'il pût lui dire, elle s'entêta de partir ; elle prit congé de la mère et des sœurs du prince. Il monta avec elle dans le traîneau, les cerfs se mirent à courir ; et comme elle sortait du palais, elle entendit un grand bruit : elle regarda derrière elle, c'était l'édifice qui tombait en mille morceaux. – Que vois-je ! s'écria-t-elle, il n'y a plus ici de palais ! – Non, lui répliqua Percinet, mon palais sera parmi les morts ; vous n'y entrerez qu'après votre enterrement. – Vous êtes en colère, lui dit Gracieuse en essayant de le radoucir ; mais, au fond, ne suis-je pas plus à plaindre que vous ? Quand ils arrivèrent, Percinet fit que la princesse, lui et le traîneau devinrent invisibles. Elle monta dans la chambre du roi, et fut se jeter à ses pieds. A suivre Marie Catherine, comtesse d'Aulnoy