Contre-attaque - «Je demande de former une commission médicale, ce qui est du ressort du TSJ. Il est clair que cette dame n'a pas toute sa tête», a déclaré aux journalistes le député Pedro Carreño, appelant à démontrer la «démence» de la juge pour déclarer ensuite «son limogeage». La procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, a demandé hier l'ouverture de poursuites contre huit magistrats de la Cour suprême, instance réputée proche du président Nicolas Maduro, des députés de son camp répliquant en demandant une analyse psychiatrique de Mme Ortega. Alors que le pays est plongé dans sa pire crise depuis des années, avec une vague de manifestations ayant fait 66 morts depuis début avril, Mme Ortega a multiplié ces dernières semaines les interventions critiques envers le gouvernement socialiste. Auparavant considérée comme une alliée des chavistes (du nom de Hugo Chavez, président de 1999 à 2013), elle est désormais qualifiée par eux de «traîtresse». Hier, elle est repartie à l'offensive en demandant l'ouverture de poursuites contre huit magistrats de la Cour suprême (TSJ), qu'elle accuse d'avoir provoqué «une rupture de l'ordre constitutionnel» en ordonnant fin mars la confiscation des prérogatives du Parlement, contrôlé par l'opposition depuis fin 2015. C'est cette décision du TSJ, finalement annulée 48 heures plus tard, qui avait déclenché l'étincelle et depuis les manifestations exigeant le départ de M. Maduro se succèdent de façon quasi quotidienne dans le pays. En agissant ainsi, le TSJ «donnait des pouvoirs spéciaux au président de la République notamment en matière pénale (...) et cela équivalait pratiquement à une dissolution de l'Assemblée nationale», a estimé Mme Ortega. En réaction, les députés chavistes ont déposé hier une demande pour évaluer la santé mentale de la procureure. «Je demande de former une commission médicale, ce qui est du ressort du TSJ. Il est clair que cette dame n'a pas toute sa tête», a déclaré aux journalistes le député Pedro Carreño, appelant à démontrer la «démence» de la juge pour déclarer ensuite «son limogeage». Dans un pays où la quasi-totalité des institutions sont contrôlées par le chavisme, Mme Ortega - qui a aussi dénoncé lundi des menaces contre sa famille - apparaît ces dernières semaines comme l'unique voix discordante du camp présidentiel, critiquant notamment la volonté de M. Maduro de réformer la Constitution et l'usage abusif de la force par l'armée contre les manifestants. Lundi, elle avait contesté l'impartialité des juges du TSJ, quelques heures après le rejet par cette institution de son recours contre le projet d'Assemblée constituante.