Résumé de la 4e partie - Je n'étais pas près d'y arriver, sauf si de longues souffrances constituaient le critère d'entrée au paradis. Certains auraient pu me guetter dehors et... Non, je n'avais certainement pas été assassinée là-bas au supermarché, ni conduite à ma dernière demeure par un cortège de caddies. Les resquilleurs n'auraient pas osé, pas en public avec le risque que quelqu'un ne file avec leurs précieux achats. — Bon sang, pourquoi revenais-je à cette question ? Je tapais du pied, bouillant de rage, comme tant de fois dans une queue semblable à celle-ci. II n'y avait rien d'autre à faire que d'attendre en fulminant. Et de jeter un coup d'œil aux magazines avant de les remettre sur le mauvais présentoir. J'avais toujours aimé, je m'en souvenais, feuilleter gratuitement ces périodiques. Là, à ma gauche, je voyais un exemplaire de Time (is up)'. Il ressemblait exactement au Time de la Terre. Combien d'exemplaires n'en avais-je pas parcourus, jetant un coup d'œil aux articles, cherchant des signatures célèbres dans le courrier des lecteurs, et, à la rubrique des personnalités, qui s'était marié, qui avait eu des enfants, et qui était mort. Mort ! J'ai cédé. J'ai poussé un gros soupir, et j'ai regardé la page consacrée aux personnalités, laissant de côté les événements heureux pour aller droit aux annonces mortuaires. Je ne sais pas pourquoi je croyais m'y trouver. Je n'étais pas célèbre. Mais j'y étais bel et bien : DéCéDéE, ANN THOMPSON, 42 ANS. C'était tout ! Aucune indication de ce que j'avais fait dans mon existence pour justifier la présence de mon nom dans cet obituaire (enfin, obituaire était un bien grand mot). Cela ne disait pas comment j'étais morte, ce qui m'irritait davantage. J'ai reposé le Time (is up) dans le présentoir, devant une pile de (died) People. Enfin, sapristi, comment étais-je morte ? Je me suis emparée d'un exemplaire de Life (no more) dont j'ai épluché la table des matières. Sans m'intéresser aux articles intitulés «Peste bubonique : le connu et l'inattendu», «Banalité du choléra», «Un test-vérité de la guerre» ou «La famine comme vous l'aimez», j'ai couru à la page 44 voir un reportage dont le titre annonçait «Un nouveau service à l'enregistrement définitif». Mais, arrivée à la page 44, j'ai failli m'effondrer dans le caddie qui était derrière moi. Les pages 44 et 45, au centre du magazine, offraient une photo de ce magasin, de ce guichet, et de la queue dans laquelle j'étais. Avec moi dedans ! J'ai parcouru la page suivante. «Les clients ne s'étonnent plus de trouver de nouveaux services aux caisses, y affirmait-on. Ils se sont depuis longtemps accoutumés aux codes-barre, aux chèques et aux cartes de crédit. Mais jamais ils n'ont été aussi impatients de recevoir leur reçu ! Et pourquoi ? Parce que ce ne sont plus les reçus habituels. Il s'agit d'un jeu nouveau et excitant que votre magasin vous propose, à vous, cher client. A suivre