Intervention - Après plusieurs semaines de flottement, les Etats-Unis affichent leur volonté de s'impliquer plus directement dans la recherche d'une issue à la crise diplomatique qui déchire le Golfe, poussant l'Arabie saoudite à ne pas perpétuer le blocage avec le Qatar. Désormais en première ligne, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson, qui a multiplié les échanges téléphoniques avec Riyad et Doha ces derniers jours, a annoncé hier que l'Arabie saoudite et ses alliés avaient préparé une liste de demandes pour le Qatar. Le chef de la diplomatie américaine a insisté sur la nécessaire «unité» entre les pays du Golfe pour «concentrer tous nos efforts sur la lutte contre le terrorisme». Dans le même temps, le président Donald Trump a profité d'un échange téléphonique avec Mohammed ben Salmane, qu'il a félicité pour son accession au rang de prince héritier d'Arabie saoudite, pour aborder cet épineux dossier. Selon le compte-rendu de la Maison-Blanche, les deux dirigeants ont évoqué la nécessité de «couper tout soutien aux terroristes et aux extrémistes» ainsi que «la façon de résoudre le différend avec le Qatar». La région traverse une crise profonde depuis la rupture, le 5 juin, par l'Arabie saoudite et plusieurs de ses alliés, des liens avec le Qatar accusé de soutenir le terrorisme et de se rapprocher de l'Iran chiite, rival régional du royaume saoudien. L'administration américaine a, dans un premier temps, envoyé des signaux contradictoires sur cette crise, avec en particulier une série de tweets de Donald Trump apportant un soutien tacite à l'isolement du Qatar. Mais depuis le début de la semaine, le département d'Etat est monté en puissance. Mardi, sa porte-parole a, dans une déclaration à la tonalité inhabituellement ferme, mis en cause la justification avancée par l'Arabie saoudite pour isoler son voisin. «Nous sommes perplexes face au fait que les Etats du Golfe n'aient pas donné aux Qataris, ni au public de précisions sur leurs accusations visant le Qatar», a lancé Heather Nauert. Soucieux de se poser en rassembleur et de montrer que la situation n'était désormais plus figée, M. Tillerson a dit espérer, hier, que la liste de demandes qui serait bientôt présentée au Qatar serait «raisonnable et réalisable». «Nous soutenons les efforts de médiation koweïtiens et avons hâte que ce sujet avance vers une résolution», a-t-il poursuivi. «Notre rôle est d'encourager les différentes parties à exposer clairement leurs griefs pour que les problèmes puissent être résolus», a-t-il expliqué. Lors d'un échange téléphonique avec l'émir du Qatar, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a lui aussi appelé, en écho, les pays du Golfe à «maintenir un dialogue ouvert». Le Qatar abrite la base militaire américaine stratégique d'Al-Udeid, qui héberge près de 10 000 soldats américains et joue un rôle primordial dans les opérations contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie.