Les appels à l'apaisement se sont multipliés dans la crise entre le Qatar et l'Arabie saoudite et ses alliés, le président américain Donald Trump pronant «l'unité» des pays du Golfe après avoir soutenu l'isolement de Doha. Le Koweït qui, lui, n'a pas rompu avec le Qatar, tente une médiation. Son émir s'est rendu en Arabie saoudite où il a dit que son entretien avec le roi Salmane «reflétait un intérêt commun à soutenir la bonne marche» du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), a indiqué hier l'agence officielle Kuna. Créé en 1981, le CCG, qui regroupe des monarchies pétrolières du Golfe contrôlant le tiers des réserves mondiales de brut, est formé de six pays -Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Emirats arabes unis, Koweït et Oman. Ce dernier est resté à l'écart de la crise. La Mauritanie a rejoint l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, l'Egypte, le Yémen et les Maldives qui ont rompu lundi toute relation avec le Qatar accusé de «soutenir le terrorisme», la pire crise diplomatique dans la région depuis des années. Mardi, M. Trump a jeté le trouble en affirmant dans une série de tweets que Riyadh et ses alliés avaient raison d'isoler le Qatar pour, selon lui, son rôle dans le financement de l'extrémisme islamiste et que c'était peut-être «le début de la fin de l'horreur du terrorisme». Par ces déclarations, le président a instillé un doute sur l'avenir de la grande base aérienne américaine d'Al-Udeid, dans le désert du Qatar, qui joue un rôle opérationnel clé dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak. Mais, revirement quelques heures plus tard, M. Trump a souligné qu'un CCG «uni était crucial pour vaincre le terrorisme et promouvoir la stabilité dans la région», lors d'un entretien téléphonique avec le souverain saoudien. Le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a, lui, accusé M. Trump d'attiser les conflits au Moyen-Orient. «Une telle trumpisation' des relations dans une région de toute façon en proie aux crises est particulièrement dangereuse», a-t-il dit en dénonçant les récents méga-contrats militaires conclus entre Washington et Riyadh. La France et la Russie se sont inquiétées de la tournure de la crise. Dans un entretien téléphonique avec l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, le président français Emmanuel Macron s'est dit prêt à soutenir «toutes les initiatives pour favoriser l'apaisement». Son homologue russe Vladimir Poutine a appelé l'émir du Qatar à favoriser le dialogue. Pour le président Recep Tayyip Erdogan, dont le pays entretient des rapports privilégiés avec le Qatar, «les sanctions prises contre le Qatar» ne sont pas «bonnes». Selon la chaîne CNN, des pirates russes seraient à l'origine d'une attaque informatique contre l'agence de presse du Qatar fin mai, qui a été l'élément déclencheur de la crise ouverte, de faux propos selon Doha ayant été attribués à l'émir Tamim sur des dossiers sensibles. Le but de la Russie avec ce piratage était de provoquer des divisions entre les Etats-Unis et leurs alliés, a affirmé CNN en citant des enquêteurs américains. Le FBI participe à l'enquête du Qatar sur ce piratage, dont les résultats pourraient être publiés cette semaine à Doha. Le Kremlin a rejeté ces accusations qui ne s'appuient sur «aucune preuve». La rupture a entraîné une suspension de vols aériens, la fermeture des frontières terrestres et maritimes avec le Qatar, ainsi que des interdictions de survol aux compagnies qataries et des restrictions aux déplacements des personnes. Doha a rejeté les accusations de «soutien au terrorisme». Il n'y a «aucun élément prouvant que le gouvernement du Qatar soutient des islamistes radicaux», a plaidé sur la BBC le chef de la diplomatie, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani. Mais son homologue saoudien Adel al-Jubeir a sommé de nouveau Doha de «changer sa politique» et de cesser de soutenir les «groupes extrémistes», dont le Hamas palestinien qui s'est dit hier «choqué» par cette déclaration. Au Qatar, Ali ben Smaikh al-Marri, président de la Commission nationale des droits de l'Homme, a dénoncé une violation des droits des Qataris. Parmi les sanctions, il a été demandé aux ressortissants du Qatar, visiteurs ou résidents permanents en Arabie saoudite, aux Emirats et à Bahreïn, de partir dans un délai de 14 jours.