Hostilités - Les Etats-Unis et leurs alliés européens ont nettement haussé le ton hier contre l'Iran en sommant Téhéran de cesser ses tirs de missiles balistiques, au lendemain d'un essai de lanceur de satellites par la République islamique. Dans un contexte de fortes tensions américano-iraniennes depuis l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump, le Trésor américain a également imposé de nouvelles sanctions contre ce programme de missiles balistiques interdit par une résolution de l'ONU. Ces sanctions ciblent six organisations et «entités» iraniennes liées au programme balistique. Dans un communiqué, Washington, Paris, Londres et Berlin ont «condamné» le test iranien, jeudi, d'un lanceur de satellites et ont «appelé» Téhéran à «ne plus procéder à d'autres lancements de missiles balistiques et aux activités liées» à ce programme. Aux yeux des Américains et des Européens, ce programme balistique «reste incompatible avec la résolution 2 231 du Conseil de sécurité de l'ONU et a un impact déstabilisateur dans la région». Cette résolution avait été votée il y a deux ans aux Nations unies pour consacrer l'accord international sur le programme nucléaire iranien signé le 14 juillet 2015 à Vienne entre l'Iran, les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Mais cette résolution «appelle (aussi) l'Iran à ne pas entreprendre d'activités liées à des missiles balistiques et capables de porter des armes nucléaires», ont souligné les Etats-Unis et leurs alliés européens dans un communiqué diffusé par le département d'Etat. La diplomatie américaine a précisé que «les gouvernements français, allemand et britannique» avaient chacun entrepris des «discussions bilatérales» avec l'Iran et lui avaient fait part de leurs «préoccupations». Les quatre pays alliés ont également écrit au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Le porte-parole de la diplomatie iranienne a affirmé -avant le communiqué des quatre pays occidentaux- que «le test de lanceur de satellite est le droit absolu de la République islamique et est conforme aux engagements internationaux du pays», rapportaient samedi les médias iraniens. Bahram Ghassemi a ajouté que l'Iran «n'avait aucune limite pour développer sa technologie et n'attendait l'autorisation d'aucun pays pour les activités de ses scientifiques et de ses experts dans différents domaines». Washington n'a plus de relations diplomatiques avec Téhéran depuis 1980 et l'administration Trump n'a pas poursuivi les contacts directs avec Téhéran que le gouvernement de Barack Obama avait noués à la faveur des négociations sur le nucléaire. Malgré sa promesse électorale de «déchirer» l'accord nucléaire, Donald Trump a, jusqu'à présent, continué de respecter ce texte historique, succès diplomatique de son prédécesseur Barack Obama et percée en matière de multilatéralisme et de non-prolifération. Il est cependant loin d'être certain que l'administration américaine continuera tous les trois mois de «certifier» que l'Iran respecte bien l'accord et qu'elle poursuivra la levée de sanctions économiques liées au programme nucléaire. Il y a dix jours, en imposant déjà des mesures punitives contre le programme balistique, Washington avait jugé que Téhéran «violait l'esprit» de l'accord sur le nucléaire, connu sous son acronyme JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action). R. I Agences l L'Iran va poursuivre «avec toutes ses forces» son programme balistique et condamne les nouvelles sanctions américaines, a déclaré ce samedi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «Nous allons continuer avec toutes nos forces notre programme balistique», a affirmé Bahram Ghassemi à la télévision d'Etat. «Nous condamnons l'action hostile et inacceptable» des Etats-Unis, a-t-il ajouté en référence aux nouvelles sanctions votées par le Congrès que le président Donald Trump doit encore signer. «Notre politique dans le domaine militaire et balistique est très claire et concerne nos affaires intérieures. Les autres pays n'ont pas le droit de s'y ingérer ou en parler et très certainement nous ne leur donnons pas ce droit», a ajouté M. Ghassemi. A propos des sanctions adoptées par le Congrès, M. Ghassemi a également jugé que cette «loi concerne les sanctions non-nucléaires (...) mais visent à affaiblir l'accord nucléaire» conclu en juillet 2015 entre l'Iran et les grandes puissances, dont les Etats-Unis. «Nous nous réservons le droit de prendre des mesures de représailles», a-t-il ajouté.