Paradoxe - En dépit des avantages fiscaux accordés aux importateurs, les prix des véhicules à leur sortie d'usine sont «relativement élevés», a constaté hier le ministre de l'Industrie, se basant sur une étude réalisée par son département ministériel. Mahdjoub Bedda a annoncé que l'octroi ou le renouvellement des autorisations seront, désormais, subordonnés à la question des prix de leur cession. Pour remettre les choses en ordre, il estime « indispensable », dorénavant, de mettre en œuvre un mécanisme de suivi et de contrôle multisectoriel, géré conjointement par le ministère de l'Industrie et celui des Finances. Ainsi ,Mahdjoub Bedda a jugé «urgent» de revoir la politique des avantages fiscaux octroyés au titre du dispositif SKD/CKD qui a non seulement diminué les recettes budgétaires de l'Etat, mais également les réserves de change, « sans pour autant atteindre les objectifs projetés ». Les avantages fiscaux accordés, jusqu'alors, à l'industrie automobile naissante, vont être revus en profondeur du fait des dysfonctionnements constatés après leur mise en application en 2000, a-t-il tranché. A l'origine, le dispositif SKD/CKD avait été institué pour développer une base industrielle dans diverses filières de production (électronique, électroménager et mécanique) et asseoir un tissu de sous-traitance nationale avec à la base une élévation attendue du niveau d'intégration et de création d'emplois. Il s'avère, aujourd'hui, que le manque à gagner pour le Trésor public, après l'application de ce régime, s'est situé à plus de 27 milliards DA en 2015 et qu'il est passé à 40 milliards DA en 2016, argue-t-il. De plus, pour les cinq premiers mois de 2017, le manque à gagner en matière de droits de douanes s'est chiffré, lui, à plus de 20 milliards DA. Le ministre de l'Industrie souligne qu'à l'inverse de ce qui était attendu du dispositif, les importations de kits d'assemblage et de montage n'ont cessé d'augmenter en valeur durant les trois dernières années, se situant à près de 2 milliards de dollars en 2016, contre plus de 1,42 milliard de dollars en 2015 et plus de 851 millions de dollars en 2014. Pour les cinq premiers mois de cette année, observe-t-il, elles ont déjà dépassé un 1 milliard de dollars. Il estime, en outre, qu'en matière de création d'emplois, la contribution de la filière automobile a été «très faible». Le SKD/CKD est un régime préférentiel d'avantages fiscaux accordés aux importateurs de véhicules démontés et composés de sous-ensembles (SKD), ou bien d'un produit complètement démonté (CKD). Ils sont, actuellement, quelque 60 parmi eux à émarger au dispositif SKD/CKD pour 20 000 emplois créés, relève le ministère qui enregistre un taux d'intégration moyen qui ne dépasse pas les 20%, hors filière automobile, alors que le taux de couverture des besoins du marché se situe entre 35% et 40%. L'intégration « n'est pas une fin en soi », elle n'a de sens que si elle contribue à améliorer la compétitivité des entreprises, a soutenu le ministre. Samia L. Coup de frein au montage industriel l Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, a présidé dimanche un conseil interministériel consacré à l'examen du dossier relatif au montage industriel des véhicules automobiles, a indiqué hier lun communiqué des services du Premier ministre. Au terme de ce conseil interministériel, le Premier ministre a instruit les secteurs directement concernés en vue «de différer l'étude des projets de montage industriels nouveaux et de procéder à l'élaboration d'un nouveau cahier des charges par le ministère de l'Industrie et des Mines en concertation avec l'ensemble des parties impliquées, à l'exemple des secteurs des Finances, du Commerce, des Douanes et des Banques», note le communiqué. En outre, M. Tebboune a souligné la nécessité de parvenir à la conception d'un instrument juridique qui soit susceptible de susciter l'émergence, dans l'environnement économique national, de structures productives aptes à garantir et à favoriser «la création d'un véritable marché de la sous-traitance nationale à même d'assurer un niveau d'intégration qui soit satisfaisant, la réduction de la facture des importations, la création d'emplois et l'introduction de la notion d'équilibre et de proportionnalité d'exonération des taxes et impôts et du taux d'intégration», ajoute le communiqué.